L'Union européenne a exprimé vendredi sa « grave inquiétude » après l'autorisation donnée la veille par le parlement d'Ankara au déploiement de l'armée turque en Libye. Jeudi, les députés turcs ont voté jeudi une motion permettant au président Recep Tayyip Erdogan d'envoyer des militaires en Libye pour soutenir le gouvernement de Tripoli.
Au cours d'une session parlementaire extraordinaire, 325 députés ont voté pour et 184 contre la motion qui donne à l'armée turque un mandat, valable un an, pour intervenir en Libye, a déclaré le président de l'Assemblée nationale turque Mustafa Sentop.
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Le gouvernement turc affirme agir en réponse à un appel à l'aide du Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, confronté à l'offensive du maréchal Haftar. Le rapprochement entre Ankara et le GNA s'est illustré récemment par un accord de coopération militaire et sécuritaire, et par un accord de délimitation maritime conclus fin novembre.
Reste à savoir si le président Erdogan va effectivement dépêcher des troupes dans ce pays ou si le soutien militaire prendra une autre forme, comme l'envoi de « conseillers ». Mercredi, le vice-président turc, Fuat Oktay, a affirmé que l'armée turque était « prête » mais a souligné que la nature et l'ampleur du déploiement seraient déterminées par l'évolution de la situation «au sol».
Les mises en garde de Washington et de Bruxelles
À l'issue du vote de jeudi, Donald Trump a mis en garde, dans une conversation téléphonique avec son homologue turc, contre toute « ingérence étrangère » susceptible de « compliquer » la situation en Libye. Israël, Chypre et la Grèce ont, eux, dénoncé une « menace dangereuse pour la stabilité régionale », de même que l'Égypte.
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À Bruxelles, la diplomatie européenne a exprimé vendredi sa « grave inquiétude ». « L'UE réaffirme sa conviction ferme qu'il n'existe pas de solution militaire à la crise libyenne », a déclaré porte-parole du Haut représentant des Affaires étrangères. Les actions pour soutenir « ceux qui se battent dans ce conflit ne peuvent qu'entraîner une déstabilisation accrue du pays et de la région », a estimé le porte-parole.
L'envoi de troupes turques en Libye risquerait d'aggraver les conflits qui déchirent ce pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011. Le pays est devenu le théâtre d'une lutte d'influence entre deux camps. D'un côté, la Turquie et le Qatar, qui appuient le GNA, reconnu par l'ONU. De l'autre, l'Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis et l'Égypte, qui soutiennent le maréchal Haftar.