A l’occasion de son traditionnel discours à la nation le 31 décembre dernier, le président de la République camerounaise, Paul Biya, a notamment fait le point sur la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis octobre 2016.
Un an après sa dernière allocution aux Camerounais, le chef de l’Etat reconnaît que la situation sécuritaire dans cette partie du pays «est sans aucun doute, pour le moment, l’un des problèmes les plus urgents» à régler.
Les appels à déposer les armes lancés aux séparatistes n’ont également pas eu l’effet escompté.
«L’activité criminelle des groupes armés continue de perturber la vie publique, économique et sociale dans ces régions. Pourtant, ces derniers mois, diverses mesures ont été prises pour ramener à la raison ces jeunes qui, pour la plupart, se sont laissé endoctriner. Des appels à déposer les armes leur ont notamment été lancés et des perspectives de réinsertion sociale ouvertes», affirme Paul Biya.
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Parmi les mesures prises pour trouver une issue à cette crise, Paul Biya cite notamment la tenue, du 30 septembre au 4 octobre 2019 à Yaoundé, la capitale, du «Grand dialogue national» dont l’objectif était notamment d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Cette rencontre, se satisfait-il, a abouti à la formulation de diverses recommandations dont la mise en œuvre se traduit notamment par l’adoption d’un projet de loi portant code général des collectivités territoriales décentralisées (CTD) le 15 décembre dernier par l’Assemblée nationale. Cette loi a d'ailleurs été promulguée le 24 décembre dernier.
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Ce texte «comporte des avancées décisives pour notre processus de décentralisation, notamment en ce qui concerne le statut des élus locaux, le fonctionnement des assemblées locales et l’attribution de ressources financières nouvelles et substantielles aux régions», assure Paul Biya.
S’agissant particulièrement du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, souligne le président, le statut spécial dont ces régions bénéficient prend en compte les spécificités du sous-système éducatif anglophone, de la Common Law et de la chefferie traditionnelle.
«Le "Grand dialogue national" nous a ouvert la voie pour avancer résolument sur le chemin de la paix, de l’unité nationale et du progrès: valeurs qui ont toujours fait la grandeur de notre pays», a soutenu le chef de l’Etat.
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Au moment où le Cameroun «regarde vers l’avenir», le gouvernement ne saurait donc tolérer des actes qui viendront ainsi saper tous ces efforts, met-il en garde.
«Pour ceux qui s’obstinent à demeurer dans la mauvaise voie et qui continuent à avoir recours à la violence, nous n’aurons pas d’autre choix que de les combattre pour protéger tous nos concitoyens. Nos forces de défense et de sécurité feront une fois de plus leur devoir avec mesure, mais sans faiblesse», a déclaré Paul Biya.
Le président camerounais n'a pas omis de réitérer son «total soutien» et sa «haute considération» à l’armée camerounaise, régulièrement accusée de violations de droits de l’Homme dans le cadre de ce conflit, ce qu’a toujours démenti Yaoundé.