Des groupes d’hommes et de femmes se sont rassemblés devant le ministère des Affaires étrangères, portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire “nos fils ne sont pas à vendre” ou “ramenez nos fils”.
Plusieurs manifestants ont déclaré à l’AFP que leurs proches avaient obtenu des visas pour les Emirats arabes unis à la suite d’annonces dans les journaux soudanais pour le recrutement de gardes de sécurité pour le compte d’une compagnie émiratie appelée Black Shield.
“Mon frère s’est rendu aux Emirats le 20 août, mais depuis six jours, nous avons perdu le contact avec lui”, explique Salma Mohamed, une manifestante.
Lire aussi : Libye: les forces loyales à Haftar font chuter la production pétrolière de 75%
“Nous avons vu sur les réseaux sociaux qu’il avait été transféré avec d’autres personnes en Libye ou au Yémen. Nous n’avons aucune information sur son sort, nous voulons qu’il revienne”.
“Mon fils s’est rendu en septembre aux Emirats arabes unis. Nous avons perdu le contact avec lui depuis dix jours”, a déclaré un autre manifestant, Imad Osmane.
“Il s’est ensuite manifesté pour nous annoncer qu’il avait été ramené avec d’autres de Ras Lanouf (Libye) à Abou Dhabi”, la capitale des Emirats.
De son côté, le ministère des Affaires étrangères a assuré dans un communiqué qu’il était en contact avec Abou Dhabi pour régler la question “concernant le recrutement de citoyens soudanais comme gardes de sécurité par une entreprise privée des Emirats”.
“Les familles affirment que leurs contrats ont été violés, certains d’entre eux ayant été transférés par l’entreprise vers des champs pétroliers libyens”, ajoute le ministère.
Mardi soir, une cinquantaine de jeunes gens revenus d’Abou Dhabi ont tenu un sit-in devant l’ambassade des Emirats à Khartoum.
Sit-in
Ils n’ont pas dit s’ils revenaient de Libye ou du Yémen mais ils ont promis qu’ils maintiendraient leur sit-in jusqu‘à ce que tous ceux qui ont été recrutés par l’entreprise émiratie reviennent au Soudan.
Lire aussi : Algérie: Erdogan à Alger pour parler de coopération économique et de la Libye
Selon un rapport publié en décembre par l’ONU, cinq groupes armés soudanais et quatre groupes armés tchadiens ont fourni des milliers d’hommes pour combattre en Libye.
Un rapport distinct de l’ONU sur le Soudan publié en janvier affirme que de nombreux combattants arabes du Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis 2003, et du Tchad voisin combattent comme “mercenaires” à titre individuel en Libye.
La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Deux autorités rivales se disputent le pouvoir, le Gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj, reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, dans l’ouest, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar dans l’est du pays.
Depuis le 4 avril 2019, la guerre est aux portes de Tripoli: à cette date, le maréchal Haftar, soutenu par la Russie, les Emirats arabes unis et l’Egypte, a lancé une offensive sur la capitale, siège du GNA, de son côté appuyé par la Turquie.
Plus de 2.000 combattants et plus de 280 civils ont été tués, d’après l’ONU. Près de 150.000 Libyens ont été déplacés.
Un cessez-le-feu instauré le 12 janvier à l’initiative de Moscou et Ankara, reste précaire, les deux parties s’accusant de violer la trêve.