Trois jours après les propos tenus par le président français Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture de Paris au sujet de son homologue camerounais Paul Biya, la tension est loin d’être retombée au Cameroun. Une «marche patriotique de soutien» au président a été organisée dans la matinée de ce mardi 25 février 2020 dans la cité balnéaire de Kribi, dans la région du Sud, pour exprimer la désapprobation de la population face à «l’ingérence diplomatique».
Cette marche intervient au lendemain de la manifestation de centaines de jeunes lundi devant l’ambassade de France à Yaoundé, la capitale, en riposte au «dérapage verbal» - selon l’expression utilisée par la radio nationale - du dirigeant français.
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Loin de l’émotion vive, la présidence de la République, elle, tente plutôt de calmer le jeu. Elle demande ainsi aux Camerounais «de garder leur calme, de vaquer tranquillement à leurs occupations et de continuer, comme par le passé, à œuvrer au renforcement des liens d’amitié historiques qui existent entre le Cameroun et la France», recommande le secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans un communiqué rendu public lundi.
Bien qu’ayant décidé de jouer la carte de l’apaisement, la Présidence exprime cependant «sa profonde préoccupation» au sujet du contenu de l’échange entre Emmanuel Macron et un activiste qui s’est présenté comme étant camerounais le 22 février dernier. Elle rejette «fermement» aussi bien les «allégations mensongères» dudit activiste, que les «propos surprenants» du président français.
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Samedi, Emmanuel Macron avait été apostrophé par un homme qui déplorait le «génocide» en cours dans son pays, le Cameroun, et orchestré par le président Paul Biya, disait-il dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
En retour, le président français avait dénoncé «des violations des droits de l’Homme intolérables» notamment dans le cadre de la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis fin octobre 2016. Non sans promettre de «mettre la pression» sur Paul Biya pour que «la situation cesse».
Des paroles qui ont suscité l’indignation dans le pays. «Le président de la République du Cameroun est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger, fût-il d’un pays ami», ponctue le secrétaire général de la Présidence.