Le Cameroun enregistre officiellement 21.203 cas positifs au coronavirus (Covid-19), dont 20.117 rémissions et 423 décès. Depuis la survenue de l’épidémie le 6 mars, le Covid-19 cristallise toutes les attentions et les efforts des autorités sanitaires et du personnel de santé. Au point de faire de l’ombre à d’autres maladies à fort potentiel épidémique qui continuent à faire de nombreuses victimes dans le pays. Quelque 1.550 cas de choléra ont été recensés depuis le début de l’année dans le pays et 69 personnes en sont mortes, selon les données officielles. Un chiffre qui pourrait également être revu à la hausse avec les inondations qui frappent plusieurs villes et localités du pays. Huit régions sur dix sont confrontées à l’épidémie de rougeole qui a déjà fait au moins onze décès.
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Alors que le Cameroun a été déclaré pays libre de poliovirus sauvage (PVS), des cas de poliovirus circulant de type 2 dérivé d’une souche vaccinale ont été confirmés dans plusieurs régions du pays depuis avril dernier. Malgré les efforts du gouvernement, le paludisme reste la première cause de mortalité et de morbidité dans le pays. Entre janvier et mai 2020, le Cameroun a enregistré 1.170.829 cas de paludisme pour 1.050 décès. Un an plus tôt, les chiffres affichaient 1.204.183 cas pour 1.179 sur la même période, indique le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Des chiffres qui sont pourtant loin de refléter l’évolution réelle du paludisme à cause notamment de la baisse de fréquentation des hôpitaux, notamment publics, depuis la survenue de l’épidémie.
«Nous relevons une baisse de moitié des taux de fréquentation des services de santé essentiels par les populations par rapport à la même période l’année dernière, notamment la vaccination, les consultations externes et les maternités. Ceci est probablement dû à la peur et à la stigmatisation liée à la maladie», affirme Dr Linda Esso, sous-directrice de la lutte contre la maladie, les épidémies et les pandémies au ministère de la Santé publique. Conséquence: l’on note un recul de la vaccination à cause notamment des restrictions imposées pour contrecarrer le virus et la désaffection des hôpitaux. Les autorités s’inquiètent également du renoncement des soins même pour des maladies graves (diabète, cancer, insuffisance rénale, etc.). Achille Pegnko, diabétique, n’a pas mis les pieds dans une formation sanitaire depuis fin mai.
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«Je me soigne avec des médicaments traditionnels», affirme le cinquantenaire, qui vit dans un village situé à quatre heures de route de Yaoundé, la capitale. Il y a quelques semaines, cet agriculteur a eu de violents maux de tête et une forte fièvre (40°) mais a refusé d’aller à l’hôpital de peur d’être «forcé» de faire le test du coronavirus. «Ce n’était pas le Covid-19 mais plutôt le paludisme. Je me suis soigné à la maison avec les potions traditionnelles et quelques médicaments (conventionnels, Ndlr). Au bout de deux semaines, j’étais sur pied», affirme ce père de sept enfants. Les autorités reconnaissent que «toutes les énergies sont concentrées dans la lutte contre la pandémie».
Ce qui a mis à mal les activités de surveillance et de vaccination, les équipes y dédiées ayant été redéployées dans la riposte contre le Covid-19. Toutefois, elles assurent que des mesures ont été prises pour assurer la continuité des soins et services dans les hôpitaux en toute sécurité. «Dans le cadre de la décentralisation de la riposte, les formations sanitaires ont subi des modifications considérables sur le plan organisationnel, dans le but d’offrir les soins essentiels les plus appropriés jusqu’au niveau opérationnel. Le personnel de santé y est présent pour offrir des soins en toute sécurité», affirme Dr Esso.