Alors que le différend avec l’Egypte et le Soudan sur le géant barrage de la Renaissance qu’il construit sur le Nil bleu, le principal affluent du Nil continue de susciter de vives tensions entre les trois pays. L’Ethiopie envisage d’en construire plus d’une centaine d’autres barrages de petites et moyennes dimensions pour accélérer son développement économique.
L’annonce a été faite le dimanche 30 mai dernier par le Premier ministre Abiy Ahmed, soulignant que l’Ethiopie prévoit la construction de plus de 100 petits et moyens barrages dans divers Etats du pays lors de la prochaine année fiscale.
Même si le Premier ministre éthiopien n’a pas annoncé de nouveaux barrages sur le Nil bleu, source de 80 à 85% des eaux du Nil, le fait qu’il annonce que ces barrages seront construits dans tous les Etats du pays laisse entendre que l’Ethiopie pourrait construire des barrages de petites et moyennes dimensions sur certains confluents du Nil bleu et réduire le débit du fleuve.
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En tout cas, cette annonce d’Abiy Ahmed n’a pas tardé à faire réagir l’Egypte, le principal pays concerné par les eaux du Nil et qui revendique sa souveraineté sur le fleuve qui lui assure 97% des besoins en eau de sa population, de son agriculture et de son industrie.
Du coup, le ministre des Affaires étrangères égyptiennes Sameh Shoukry a réagi aux propos de Premier ministre éthiopien affirmant que l’Ethiopie continue de faire preuve de «mauvaise foi» et de «ne pas respecter les règles de droit internationaux».
Pour lui, ces annonces «révèlent une fois de plus la mauvaise foi de l’Ethiopie et ses relations avec le Nil et les autres fleuves internationaux qu’elle partage avec des pays voisins comme s’il s’agissait de fleuves nationaux relevant de sa souveraineté et exploités pour servir ses intérêts».
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Le chef de la diplomatie égyptienne a aussi souligné que l’Egypte a toujours reconnu le droit de tous les pays du basin du Nil de réaliser des projets hydrauliques et d’exploiter les ressources du Nil pour réaliser leur développement. Toutefois, ajoute-t-il, «ces projets doivent être établis après coordination et accord avec les pays qui pourraient en être affectés, en plus des pays en aval».
Malheureusement, explique le ministre des Affaires étrangères égyptien, les annonces de Abiy Ahmed ne sont «rien d’autre que la continuation du regrettable approche éthiopienne qui balaie les règles du droit international qui doivent être appliquées et qui régit l’utilisation des fleuves internationaux».
En tout cas, cette annonce de construction de plus de 100 barrages risque de raviver les tensions entre l’Ethiopie et ses voisins (Soudan et Kenya) et le pays en aval du Nil (Egypte).
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L’annonce intervient à quelques semaines du début du second remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance éthiopienne dont la capacité de stockage est de 74 milliards de mètres cubes d’eau. Ce second remplissage est essentiel pour la production de l’électricité, l’objectif fondamental de la réalisation de cet important barrage qui dispose d’une capacité de production de 6.450 MW.
L’Egypte et le Soudan souhaitent que ce second remplissage du réservoir n’intervienne qu’une fois qu’un accord contraignant règlementant les processus de remplissage et d’exploitation du barrage est trouvé entre les trois pays. Pour le moment, l’Ethiopie refuse une telle démarche avançant que le barrage est construit en terre éthiopienne et sur financement éthiopien et relève uniquement de la souveraineté éthiopienne.