L’Ethiopie a informé l’Egypte du début du second remplissage du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne construit sur le Nil bleu, principal affluent du Nil qui prend sa source en Ethiopie. Et ce, au grand dam de l’Egypte et du Soudan qui ont saisi le Conseil de sécurité des Nations unies, via la Ligue arabe.
L’Egypte qui dépend des eaux du Nil à hauteur de 97% de ses besoins, a clairement annoncé son opposition à cet acte pris sans qu’aucun accord ne soit validé entre les trois parties concernées. Selon le ministre égyptien de l’Irrigation, Mohamed Abdel Aty, son pays «rejette fermement cette mesure unilatérale» qui «représente une violation des lois et normes internationales qui régulent les projets de construction sur des bassins partagés de rivières internationales».
En conséquence, avec le Soudan, les deux pays ont demandé à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU soit saisi. Il l'a été par la Tunisie au nom des pays de Ligue arabe, et se réunira jeudi 8 juillet 2021 pour examiner l’épineux problème.
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L’Ethiopie a dénoncé l’ingérence de la Ligue arabe dans le différend qui l’oppose à l’Egypte et au Soudan. La Ligue arabe ayant soutenu une intervention du Conseil de sécurité alors que l’Ethiopie avance que les négociations doivent se dérouler uniquement dans le cadre d’un processus en cours sous l’égide de l’Union africaine. «L’Ethiopie rejette l’ingérence fâcheuse de la Ligue des Etats arabes dans l’affaire du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) après la soumission par la Ligue d’une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU et à l’Assemblée générale de l’ONU pour intervenir dans cette affaire», a fait remarquer le ministre des Affaires étrangères éthiopiennes Demeke Mekonnen.
Mais que peut faire l’institution onusienne face à ce différend? De l’aveu de Nicolas de Rivière, président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, l’institution va essayer de réunir les partis afin qu’elles expriment leurs préoccupations et les pousser à reprendre les négociations pour aboutir à une solution à leur différend. «Je ne pense pas que le Conseil de sécurité peut résoudre lui-même la question du barrage», a déclaré l’ambassadeur français à l’ONU, ajoutant que le Conseil de sécurité peut «ouvrir la porte, inviter les trois pays à la table, à exprimer leurs préoccupations, les encourager à revenir aux négociations pour trouver une solution».
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Rappelons que le différend sur le barrage de la Renaissance construit sur le Nil bleu, principal affluent qui fournit presque 80% des eaux du Nil, date du début de sa construction en 2011. Si au début le différend porté sur la construction du barrage, désormais réalisé à plus de 75%, aujourd'hui il est accès sur le remplissage de son réservoir de 74 milliards de mètres cubes et sur son exploitation.
En effet, l’Egypte s’inquiète, à juste titre d’ailleurs, que le remplissage du réservoir ne réduise fortement le débit du Nil et donc sa quote-part de 55 milliards de mètres cubes d’eau. Quant au Soudan, en plus de sa quote-part en eau, elle craint que le barrage éthiopien n’endommage ses propres barrages construits à quelques dizaines de kilomètres de la frontière éthiopienne.
Ainsi, les deux pays mettent désormais l’accent sur la nécessité qu’un accord contraignant soit trouvé entre les trois pays sur le remplissage du réservoir et l’exploitation du barrage éthiopien afin d’atténuer son impact.
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Quant à l’Ethiopie, qui va consacrer plus de 4,5 milliards de dollars à ce plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique qui disposera d’une puissance de 6450 MW, elle compte sur cette seconde phase du remplissage du barrage pour produire ses premiers kilowatts/heure et faire face à son déficit en électricité. Le pays affiche un taux d’électrification de moins de 40% et compte sur ce méga-barrage pour inverser cette situation et répondre à la forte demande de son économie. En plus, elle refuse l’idée d’un accord avec l’Egypte et le Soudan pour le remplissage du barrage et la gestion de son exploitation en arguant sa souveraineté sur celui-ci construit sur ses terres.
Les négociations sont donc au point mort. Reste à savoir si le Conseil de sécurité peut ramener les trois protagonistes à la table de négociations.
Rappelons qu’en 2020, en dépit du démarrage du remplissage du barrage, le Nil bleu avait atteint un niveau historique à Khartoum, où il rejoint le Nil blanc, à 17,32 m, grâce à une forte hausse des précipitations sur le plateau éthiopien. C’est dire que l’impact du second remplissage sur les pays en aval dépendra une fois de plus du niveau des précipitations en Ethiopie et au Soudan.