Un début de solution est encore loin d'être trouvé, dans le différend entre l’Egypte et l’Ethiopie sur le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) malgré de multiples négociations directes et sous l’auspices de médiateurs, dont les Etats-Unis et l’Union africaine.
Devant cette situation de statu quo dans les négociations entamées il y a dix ans de cela, l’Egypte, de plus en plus impatiente, affiche sa fermeté envers l’Ethiopie, dont le barrage construit sur le Nil bleu risque de réduire considérablement les eaux du Nil dont dépend le pays.
«Le Nil est un problème existentiel pour l’Egypte et ses habitants», avait souligné Le Caire lors d’une session spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU, en juin 2020.
Afin de rechercher une solution pacifique à ce différend, le ministre a souligné que l’Egypte avait participé à toutes les négociations avec l’Ethiopie dans le but de trouver une solution à cette question vitale, tout en regrettant l’obstination éthiopienne à ne pas trouver une solution juste et durable à ce différend.
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A ce titre, le ministre des Affaires étrangères égyptien, dans un discours devant la Chambre des représentants, au Caire, a martelé que son pays ne fera pas de compromis sur ses droits de l’eau du Nil. L’Egypte table sur «un accord juste, contraignant et équilibré qui protège ses droits» historiques sur le Nil et les intérêts des trois pays.
Le ministre a souligné que l’Ethiopie avait unilatéralement entamé le remplissage du réservoir de son barrage, sans qu'un accord des autres parties concernées par le différend sur le Nil n'ait été trouvé, avec l’Egypte, donc, mais aussi le Soudan. En conséquence, a souligné le chef de la diplomatie égyptienne, «la communauté internationale doit assumer sa responsabilité dans ce dossier».
L’Egypte craint, à juste titre, que le remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance, avec 74 milliards de mètres cubes d'eau ne réduise sa part d’eau (évaluée quant à elle à 55,5 milliards de mètres cubes), construit sur le Nil bleu, le principal affluent qui fournit entre 75 et 80% des eaux du Nil.
Il faut en effet savoir que le Nil bleu rejoint le Nil blanc, qui prend sa source dans la région des Grands Lacs, à Khartoum, capitale du Soudan, pour former le Nil, qui traverse l’Egypte du sud au nord.
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L’Egypte dépend fortement du Nil, dont sa part d’eau s’élève à 55 milliards de mètres cubes, pour des besoins estimés à 59 milliards de mètres cubes.
Autrement dit, le pays dépend des ces eaux fluviales à hauteur de plus de 97%, pour ses besoins en eau potable, pour l'irrigation de ses terres agricoles, et pour son industrie.
Et si un aucun accord n’est trouvé, la réduction de la part de l’eau du Nil causera des dommages considérables à la population et à l’économie égyptiennes.
Pour l’Ethiopie aussi, le GERD est vital pour son développement. Le pays, qui enregistre des taux de croissance élevés, compte sur la capacité de production d’électricité de 6.450 MW du barrage pour satisfaire les besoins de sa population et de son industrie en électricité.
Avec le barrage, le pays disposera d’une capacité de plus de 10.650 MW installées et compte améliorer son taux d’électrification, qui s’établit autour de 45% actuellement.
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L’Ethiopie compte démarrer la première phase de production d’électricité à partir de juin 2021, selon le ministre éthiopien de l’Eau, de l’irrigation et de l’énergie, Seleshi Bekele, et ce, malgré l’absence d’un accord trouvé sur la gestion du barrage avec l’Egypte et le Soudan.
L'Egypte et le Soudan insistent sur la nécessité de la mise en place de règles et de mécanismes de fonctionnement du barrage et du processus de remplissage du réservoir de celui-ci.
Pour sa part, l’Ethiopie fait toujours la sourde oreille en ce qui concerne une gestion concertée du barrage, arguant qu’il s’agit d’un barrage construit sur son territoire, et que seule sa souveraineté compte en ce qui concerne la gestion de cet ouvrage, qui a coûté plus de 4,5 milliards de dollars au Trésor éthiopien, ainsi qu'aux citoyens du pays.
De plus, l’Ethiopie maintient que toute discussion sérieuse doit aussi tenir compte de la nécessité de revoir l’accord de partage des eaux du Nil entre les trois pays, ce que le Soudan et l’Egypte refusent catégoriquement. D’où l'actuel statu quo dans les négociations entre les trois pays.