Rwanda: un officier français affirme que la France a bien participé au génocide

Un soldat français au Rwanda en 1994.

Un soldat français au Rwanda en 1994. . DR

Le 11/10/2016 à 18h08, mis à jour le 11/10/2016 à 23h57

Cette lettre ouverte au président Hollande fera l'effet d'une bombe. Un ancien lieutenant-colonel ayant servi au Rwanda au moment du génocide affirme clairement que la France a soutenu les criminels en les laissant s'échapper et en les réarmant. Selon lui, la France n'est rien moins qu'un complice.

Kiosque Le360 Afrique. Dans cette lettre ouverte au président français François Hollande, Guillaume Ancel, affirme que la France a bel et bien soutenu les génocidaires au Rwanda. Il s'agit "d'un crime contre l'humanité, donc imprescriptible, 22 ans après les faits", affirme -t-il en substance. L'officier s'appuie sur le contexte actuel où François Hollande a "courageusement – et tardivement – reconnu la responsabilité de la France dans le drame des harkis en 1961". Mais selon lui, "trente-trois ans après ces faits dramatiques, en 1994, la France est intervenue politiquement et militairement au Rwanda dans le dernier génocide du XXe siècle".

Et d'ajouter: "En 2016, nous, citoyens français, nous ne savons toujours pas quel rôle notre pays a “joué” dans ce drame". Mais pour lui, les choses sont claires: "moi, ancien lieutenant-colonel de l’armée française, je ne sais toujours pas expliquer les contradictions entre la version officielle servie à nos concitoyens d’une opération humanitaire et la réalité des missions militaires que j’ai menées là-bas, qui ressemblent à s’y méprendre à un soutien aux génocidaires".

Et il poursuit: "alors que nous pouvions stopper les génocidaires, nous n’avons eu de cesse de freiner leurs ennemis. Alors que nous pouvions sauver des rescapés de Bisesero, nous n’avons même pas été sollicités pour leur porter secours. Alors que nous pouvions empêcher de nuire des criminels, nous leur avons permis de s’échapper et nous les avons réarmés dans des camps de réfugiés".

Il s'agit-là de graves révélations qui discréditent clairement la thèse selon laquelle, la France n'a pas participé au génocide du Rwanda. Cette lettre ouverte confortera encore le président rwandais, Paul Kagamé qui menaçait de rompre les relations diplomatiques avec la France si des accusations étaient formulées contre les notables de son gouvernement. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 11/10/2016 à 18h08, mis à jour le 11/10/2016 à 23h57