Cybercriminalité: le FBI traque les arnaqueurs au Cameroun

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Le 09/07/2017 à 08h07, mis à jour le 09/07/2017 à 09h15

Le Cameroun figure parmi les trois premiers pays à l’origine des cyberarnaques en Afrique. Malgré les mesures prises pour juguler la cybercriminalité, le phénomène ne faiblit pas. Poussant même le FBI américain à venir pourchasser, sur le territoire camerounais, les présumés coupables.

Constance K, 23 ans se félicite encore d’avoir eu «l’esprit éveillé». Grâce à sa vigilance, ses parents ont pu éviter d’être arnaqués sur Internet. «Ma mère a reçu un email qui semblait provenir d’une entreprise de télécommunication camerounaise, indiquant qu’elle avait gagné un gros lot. On lui a transmis un numéro local qu’elle devait contacter pour les modalités de retrait de son lot, une somme de 800.000 F CFA», confie-t-elle.

Heureusement, la jeune fille a pris le soin d’aller dans une agence de l’opérateur pour se renseigner sur ledit jeu concours. «Cette opération n’existait pas et le numéro qu’on devait contacter était même identifié au nom d’un particulier. Ce qui ne se fait pas dans l’entreprise, qui contacte les clients par des numéros spéciaux. Nous avons signalé ce numéro aux service clients», nous a-ton dit.

Les arnaques du genre sont légion au Cameroun. Selon TIC Mag, la justice camerounaise est actuellement aux trousses de 602 présumés cybercriminels impliqués dans un vaste mouvement d’arnaque via le réseau social Facebook. Un réseau mis à jour par le FBI américain, qui en a fait part aux autorités camerounaises.

Une centaine de personnes auraient déjà été interpellées dans diverses villes du pays. Ces présumés cybercriminels auraient dépouillé plus de 4 milliards de FCFA à environ 2.700 victimes, principalement des Américains et des Français. Les accusés, dont les procès sont en cours pour certains, se servaient de faux profils Facebook censés appartenir à des personnes de race blanche pour vendre de faux articles (vêtements, œuvre d’art, animaux de compagnie, etc.).

Malgré l’adoption et la promulgation en 2010 de la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité qui met en place le cadre légal et institutionnel pour faire face aux crimes du cyberespace, l’activité n’a pas pour autant faibli.

Dans son rapport publié en 2011, McAfee, une société internationale de sécurité informatique, avait classé le domaine «.cm» du Cameroun parmi les cinq noms de domaine les plus risqués de la planète avec un taux de risque de 36,7%, sur environ 27 millions de noms de domaines analysés.

De même en 2010, le FBI avait classé le Cameroun parmi les trois pays d’où sont originaires les cyberarnaques au niveau du continent.

Depuis, l’Etat camerounais a néanmoins adopté une batterie de mesures pour tenter d’endiguer la cybercriminalité, dont les escroqueries ne sont qu’une forme.

Parmi ces mesures figurent la mise en place d’une plateforme de sécurité appelée PKI (Public Key Infrastructure), pour sécuriser les transactions gouvernementales en ligne, l’implémentation d’une plateforme de veille technologique et la coopération internationale.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 09/07/2017 à 08h07, mis à jour le 09/07/2017 à 09h15