RDC: "happy end" pour l'enlèvement de deux britanniques dans l'est du pays

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Le 14/05/2018 à 08h28

La prise en otages de deux touristes britanniques et de leur chauffeur congolais dans le parc des Virunga en République démocratique du Congo a connu un dénouement heureux dimanche, a annoncé le ministère britannique des Affaires étrangères et les responsables du parc.

"Je suis ravi d'annoncer que les deux ressortissants britanniques qui étaient retenus en otages en République démocratique du Congo ont été libérés", a écrit Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, dans un communiqué.

"Je rends hommage aux autorités congolaises et à l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN, la tutelle du parc) pour leur soutien infatigable", a-t-il souligné.

Joyau naturel et menacé, le parc des Virunga a confirmé la libération des deux Britanniques et donné des précisions sur le chauffeur congolais enlevé avec eux.

"Nous pouvons maintenant confirmer la libération et le retour en toute sécurité des passagers et du chauffeur qui reçoivent actuellement un soutien et des soins", a écrit la direction du parc dans un communiqué.

"Les autorités congolaises et les hauts responsables du parc travaillent en étroite collaboration avec le ministère britannique des Affaires étrangères pour le rapatriement" des deux touristes, ajoute le texte.

Boris Johnson et Emmanuel de Mérode, directeur belge du parc des Virunga, ont chacun fait un hommage appuyé à la famille de Rachel Makissa Baraka, une garde du parc, de nationalité congolaise, tuée au moment de l'enlèvement vendredi.

"Nous sommes profondément attristés par la mort de l'éco-garde du parc, alors qu'elle protégeait les passagers et le chauffeur. Nous voulons transmettre nos profondes condoléances à sa famille et notre gratitude sincère pour son courage au service du Congo", a déclaré Emmanuel de Mérode.

Les deux touristes britanniques et leur chauffeur avaient été victimes vendredi d'une attaque de leur véhicule par des hommes armés non identifiés dans les Virunga, un parc naturel situé dans la province du Nord Kivu, fief de multiples groupes armés.

Selon la presse locale, l'armée congolaise avait rapidement pris des mesures pour retrouver les trois disparus.

"Un État irresponsable et prédateur"

Le directeur général de l'ICCN Cosma Wilungula a salué le travail effectué par une "courageuse équipe" ayant abouti à une "résolution rapide de cet incident, et le retour en toute sécurité des deux Britanniques".

Créé en 1925 à l'époque de la colonisation belge, le parc déploie ses haut plateaux verdoyants et ses savanes sur 7.800 km2 le long de la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda entre le volcan Nyiragongo à la sortie de Goma et les monts Rwenzori, en passant par le lac Albert.

Avec ses gorilles de montagne, ses chimpanzés et ses volcans, le parc des Virunga, classé par l'Unesco au patrimoine mondial, attire les touristes. Mais la zone est également occupée par les rebelles présumés ougandais musulmans (ADF), qui sèment la terreur dans la ville de Beni, et des milices congolaises communautaires hutu, nande ou hunde.

Le 9 avril, cinq gardes et un chauffeur avaient été tués par des assaillants non identifiés. En 2014, le directeur du parc, Emmanuel de Mérode, avait survécu à une attaque.

Au total, huit éco-gardes du parc des Virunga sont décédés dans l’exercice de leurs fonctions depuis le début de l'année, indique la direction du parc. "Ce triste décompte illustre encore une fois les risques que les gardes du parc prennent tous les jours pour protéger la vie sauvage et les communautés riveraines".

Début mai, les lanceurs d'alerte de l'ONG britannique Global Witness avaient avancé documents à l'appui que le gouvernement congolais envisageait de "déclassifier" 1.720,75 km2 du parc, soit 21,5% de la superficie du massif des Virunga, pour exploiter des gisements pétroliers.

A la suite de ces révélations - réfutées par le ministre congolais des Hydrocarbures, Aimé Ngoi Mukena -, 33 ONG congolaises de défense de l'environnement et des droits de l'homme ont écrit au ministre pour exprimer leur "indignation".

Pour ces ONG, un "projet d'exploitation du pétrole aura des conséquences irréversibles non seulement sur les écosystèmes naturels du paysage Virunga et leurs ressources mais aussi sur les moyens de subsistance des communautés locales".

Après l'annonce de la prise d'otage des deux Britanniques, le collectif citoyen Lutte pour le changement (Lucha), né à Goma il y a six ans, a écrit samedi : "La principale menace contre le parc des Virunga c’est l’État. Un État irresponsable et prédateur", qui veut "brader ce patrimoine inestimable pour quelques millions de pétrodollars. Un État incapable de restaurer la sécurité et résoudre les conflits".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 14/05/2018 à 08h28