Cameroun. Crise anglophone: les «déménagements et exodes massifs» interdits dans le Sud-Ouest

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Le 23/09/2018 à 11h32, mis à jour le 23/09/2018 à 11h53

Lors d’une descente à la gare routière de Buea la semaine dernière pour rassurer les populations qui désertent la capitale régionale du Sud-Ouest, le gouverneur a déclaré que les voyages sont autorisés, mais que les déménagements et exodes massifs sont interdits.

Buea, capitale de la région anglophone du Sud-Ouest, se vide de ses habitants depuis plusieurs jours. En cause, une rumeur sur un assaut des forces de maintien de l'ordre contre les sécessionnistes dans la ville. «Il y a des manipulations, des rumeurs qui circulent que les forces de défense et de sécurité vont lancer l’assaut. Elles ne lancent pas l’assaut ! C’est plutôt les terroristes qui veulent lancer l’assaut et les forces de sécurité sont là pour casser cet assaut. Il faut que la population reste chez elle, qu’elle collabore avec les forces de sécurité», tente de rassurer le gouverneur de la région du Sud-Ouest, qui appelle les habitants à vaquer à leurs occupations.

Le 15 septembre 2018, Bernard Okalia Bilaï a fait une descente à la gare routière de la ville pour rassurer les populations qui plient bagages pour d’autres villes du pays jugées plus sûres. «Que les populations qui sont en train de paniquer et qui veulent quitter les différentes localités pour sortir de la région restent calmes et restent chez elles. Les forces de sécurité et de défense, l’administration et tous les autres leaders de bonne volonté sont là pour encadrer cette population, assurer sa sécurité», a déclaré le gouverneur, dans des propos rapportés par la radio nationale. «Les voyages nsont autorisés, mais les déménagements et exodes massifs des populations sont iterdits», a-t-il annoncé.

Cette mesure, apprend-on, vise notamment à mettre un frein au déplacement massif des populations qui fuient le Sud-Ouest pour les villes des régions du Littoral, de l’Ouest et du Centre notamment.

Les affrontements entre l’armée camerounaise et les sécessionnistes anglophones sont devenus quasi quotidiens dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, secouées par une crise sociopolitique et sécuritaire depuis octobre 2016. Selon Human Rights Watch, cette crise a conduit au déplacement de 180.000 personnes depuis fin 2017.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 23/09/2018 à 11h32, mis à jour le 23/09/2018 à 11h53