Cameroun. Crise anglophone: les Mbororos crient au «génocide»

DR

Le 31/12/2019 à 12h08, mis à jour le 01/01/2020 à 12h47

Dans une lettre adressée aux Congrès américain, l’Association des victimes Mbororo de Ntambang, dans la région du Nord-Ouest, rapporte des «actes horribles de violence» commis par les «groupes armés» dont les leaders, basés aux Etats-Unis, ont programmé selon eux un "génocide" à leur égard.

Quelque 272 Mbororos -un peuple autochtone, constitué d’un grand groupe d’éleveurs musulmans et d’autres groupes engagés dans le commerce- ont été tués depuis le début de la crise anglophone, en 2016.

Ce chiffre est avancé par l’Association des victimes Mbororo de Ntambang, Bamenda III, dans la région du Nord-Ouest, bastion de cette crise.

Selon cette association, 189 femmes de cette communauté ont été violées par les séparatistes et 6.000 de leurs enfants interdits d’aller à l’école.

Des «actes horribles de violence» commis par les «groupes armés non-étatiques» dont les leaders, basés aux Etats-Unis, ont programmé leur mort, affirme ce collectif de victimes dans une lettre adressée à Karen Bass, députée américaine et présidente de la sous-commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants pour l’Afrique.

«Notre communauté Mbororo a traversé un génocide organisé par des Camerounais vivant sur le sol américain qui se considèrent comme des "Ambazoniens". (…) Les Ambazoniens vivant aux Etats-Unis, à travers leurs comptes sur les réseaux sociaux, ont demandé notre génocide parce que nous, en tant que peuple amoureux de paix, avions refusé de participer ou de les aider financièrement dans leur agenda politique de sécession avec le Cameroun. Dès lors, les Ambazoniens des Etats-Unis ont demandé à leurs groupes armés de nous tuer, de violer nos femmes et filles et d’abattre tout notre bétail. Leurs groupes armés ont exécuté ces ordres», dénonce l’association.

Ce «génocide» n’a pris fin que grâce à l’intervention de l’armée, apprend-on. «L’armée camerounaise et le gouvernement nous ont aidés à reprendre nos activités économiques, reconstruire les routes locales détruites et nous [ont] procuré un semblant de sécurité dont nous avons besoin pour poursuivre nos affaire», assure l’association.

Cette sortie des victimes Mbororo du Nord-Ouest est une réaction à une lettre récemment envoyée par la parlementaire américaine au président Paul Biya, dans laquelle elle rappelle à l’ordre les forces armées camerounaises et les indépendantistes, afin que cesse le massacre des populations dans les régions anglophones.

Les victimes Mbororo du Nord-Ouest pensent quant à eux que la parlementaire a été «mal informée» et lui demande plutôt de soutenir le régime de Yaoundé à mettre un terme à ces atrocités.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 31/12/2019 à 12h08, mis à jour le 01/01/2020 à 12h47