Cameroun. Villageois tués en zone anglophone: l’ONU réclame une «enquête indépendante et impartiale»

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Le 19/02/2020 à 14h30, mis à jour le 19/02/2020 à 15h26

Le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme (HCDH) a demandé ce mardi aux autorités camerounaises de veiller à ce que l’enquête ouverte sur la tuerie de vendredi dernier soit «indépendante, impartiale et complète», et que les auteurs en soient tenus «pleinement responsables».

Les Nations-Unies réclament une «enquête indépendante» et «impartiale» après la tuerie de vendredi dernier au village Ngarbuh dans la région anglophone du Nord-Ouest, théâtre de combats fréquents entre forces de l’ordre et séparatistes armés.

«Nous demandons instamment aux autorités de veiller à ce que l’enquête soit indépendante, impartiale et complète, et à ce que les auteurs de tels actes soient tenus pleinement responsables», a déclaré Ruppert Colville, le porte-parole du Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme (HCDH), lors d’un point de presse, ce mardi à Genève.

Une partie de l’opposition camerounaise, dont le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, a accusé l’armée camerounaise d’être responsable de cette tuerie.

Ce qu’a démenti lundi, dans un communiqué, le ministère de la Défense qui parle d’un «malheureux accident» et annonce l’ouverture d’une «enquête approfondie» dont les «conclusions feront l’objet d’une large diffusion». Selon le HCDH, des témoins ont déclaré qu’une quarantaine d’hommes armés, dont des membres des forces de sécurité et de défense, ont attaqué Ngarbuh, «ouvrant le feu sur les gens et incendiant les maisons».

Au moins 23 personnes, dont 15 enfants et deux femmes enceintes, ont été tuées au cours de cette attaque, rapporte le HCDH sur son site Internet. Un scénario battu en brèche par l’armée camerounaise qui affirme que six membres des forces de défense patrouillant à Ngarbuh ont été la cible de tirs nourris de «terroristes» réfugiés à l’intérieur du village, et que les combats ont entraîné l’explosion de plusieurs contenants de carburant suivi d’un violent incendie qui a affecté quelques habitations voisines, provoquant la mort d’«une femme et quatre enfants».

«Nous appelons le gouvernement à s’assurer que les forces de sécurité se conforment aux normes légales internationales applicables quand elles mènent des opérations», a dit le porte-parole du HCDH, tout en rappelant aux groupes armés séparatistes de respecter leurs obligations conformément au droit international. Selon ce dernier, l’attaque de Ngarbuh est un «épisode choquant» dans la crise actuelle qui touche les régions du Nord-Ouest et du Sud Ouest du pays depuis trois ans.

Cette attaque a entraîné le déplacement de 600 à 700 personnes, d’après la même source. Dimanche, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA) a envoyé une équipe sur place pour «évaluer les besoins» des personnes déplacées. En raison «des conditions de sécurité, l’équipe n’a pas pu atteindre le village, mais le personnel a pu parler aux déplacés et aux survivants à environ 2 km de Ngarbuh», a déclaré Jens Laerke, le porte-parole de l’OCHA. Au regard de cette situation, l’ONU exhorte notamment les autorités camerounaises a dépêché une «mission humanitaire» sur place.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 19/02/2020 à 14h30, mis à jour le 19/02/2020 à 15h26