Coronavirus: des innovations «made in Cameroon» pour faire face à la pandémie

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Le 19/04/2020 à 17h55, mis à jour le 19/04/2020 à 18h58

Outils de désinfection, respirateurs artificiels, masques en tissus locaux… Des inventeurs proposent des solutions pour aider à lutter contre la Covid-19 au Cameroun.

Alors que le Cameroun est l’un des pays d’Afrique subsaharienne qui compte le nombre le plus élevé de patients testés positifs au nouveau coronavirus (Covid-19), des inventeurs locaux tentent d’apporter leur contribution pour aider à trouver des solutions et participer ainsi à la lutte contre cette pandémie.

C’est dans ce cadre par exemple que l’Agence universitaire pour l’innovation (AUI), lauréate du Prix Initiative de l’AFD Digital Challenge en 2019 pour sa couveuse néo-natale, a présenté des outils de désinfection et un assistant respiratoire.

Parmi les mesures mises en place par le gouvernement pour contenir le coronavirus, l’étape de désinfection est désormais obligatoire pour les usagers des espaces publics.

C’est ainsi que du nécessaire pour le lavage des mains avec de l’eau, du savon ou du gel hydro-alcoolique a été mis dans les marchés et édifices publics. Cependant, face à l’affluence dans certains de ces lieux, il fallait trouver une solution pour fluidifier et optimiser cette étape.

D’où l’idée du «portique désinfection» pour les usagers dans les espaces publics à fortes concentration humaine comme les marchés. Selon Serge Armel Nidjou, le manager de l’AUI, l’outil détecte l’usager dans son couloir de passage et enclenche automatiquement des sprays de désinfection. L'outil peut également être équipé d’une caméra thermique pour prendre la température des usagers.

Par ailleurs, face au déficit de respirateurs dans les hôpitaux camerounais, appareil important dans la prise en charge des cas les plus graves de coronavirus, l’AUI conçoit également des respirateurs artificiels.

«Nous voyons bien que de de par le monde, il y a une course vers les respirateurs (…) Nous avons implémenté un modèle de ventilateur qui permet de monitorer des indicateurs clés comme la fréquence, le volume d’air, la vitesse et en même temps de suivre les paramètres vitaux du patient. C’est un produit qui ne vise pas nécessairement le très court terme, car c’est un matériel médical qui va demander encore des étapes», déclare Armel Nidjou dans l’émission Echos Tech sur Télé'Asu.

Dans le même ordre d'idées, la start-up camerounaise SING Africa LTD met également sur pied un dispositif de production d’oxygène modulaire pouvant alimenter plusieurs patients en même temps.

«L’avantage de cette unité par rapport à ce qui se fait sur le marché est que, premièrement, les coûts et contraintes d’installation sont réduits. On n’a pas besoin de passer tout un circuit d’installation d’oxygène dans l’hôpital pour lutiliser. Le système de stockage est également simple à utiliser», explique Jauspin Dongmeza, le chef de projet.

Autres avantages, selon les concepteurs, l’appareil est mobile, facilement transportable et dispose de la main-d’œuvre locale pour la maintenance. Il est également «dix fois moins cher que les appareils utilisés sur le marché», et la multiplication des unités de stockage pallie également le problème éventuel de déficit énergétique.

Dans un autre pan de la lutte contre le coronavirus, la start-up camerounaise House Innovation propose l’application mobile «SOS-Covid». Il s’agit d'une application «qui vient résoudre non seulement le problème de non-information de la population et d’autodiagnostic des personnes, mais aussi la détection rapide et efficace de l’apparition de nouveaux cas pouvant ainsi être pris en charge le plus rapidement possible grâce au système de géolocalisation intégré dans l’application», selon l’entreprise.

Entre autres fonctionnalité, celles du test qui permet à l’utilisateur de s’autoévaluer grâce à une série de questions sur les symptômes ressentis, la cartographie des zones d’infection, des statistiques sur la maladie dans le pays et dans le monde, la sensibilisation, etc.

Par ailleurs, de nombreuses PME locales se sont lancées dans la production de gels hydro-alcooliques et de masques réutilisables en tissus locaux face à la flambée des prix de ces produits en pharmacie.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 19/04/2020 à 17h55, mis à jour le 19/04/2020 à 18h58