Cameroun. Coronavirus: le Parlement veut davantage valoriser la médecine traditionnelle

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Le 30/06/2020 à 07h55, mis à jour le 01/07/2020 à 10h49

Une séance plénière spéciale d’informations et d’échanges a regroupé, jeudi 25 juin à Yaoundé, des membres du gouvernement, députés, médecins, chercheurs et praticiens. Objectif: moderniser la pratique pour en faire un support complémentaire à l’offre de santé nationale.

«Moderniser, codifier, valoriser la médecine traditionnelle pour en faire un support complémentaire à l’offre de santé nationale»: selon un communiqué publié par l’Assemblée nationale du Cameroun, tels étaient les objectifs de la séance plénière spéciale d’informations et d’échanges qui a regroupé, jeudi 25 juin dernier à Yaoundé, des membres du gouvernement, des députés, des médecins, des chercheurs et des praticiens de la médecine traditionnelle.

Cette rencontre s'est déroulée en présence du président de la chambre basse du Parlement, Cavaye Yeguié Djibril.

Une séance particulière, compte tenu du contexte de crise sanitaire qui a notamment vu les Camerounais avoir notamment recours à la pharmacopée traditionnelle, devant l’inexistence d’un traitement homologué pour faire face au Covid-19.

Pour le président de l’Assemblée nationale, il ne s’agit pas de «crédibiliser des découvertes ou différentes potions de la médecine traditionnelle sur différentes pathologies», mais d’être davantage informé et de discuter sur une question essentielle de la vie des populations, laquelle doit être une priorité dans les politiques publiques.

En toile de fond, il s’agit d'un plaidoyer pour mettre fin à la marginalisation et à la stigmatisation de la médecine traditionnelle et en faire un outil de développement du secteur de la santé.

Durant la crise sanitaire, des praticiens locaux ont mis sur le marché des produits censés soigner le coronavirus ou ses symptômes. Le plus célèbre étant notamment celui de l’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda, qui revendique des milliers de guérisons.

Une initiative qui, même si elle n’est pas encore officiellement homologuée et distribuée dans les formations sanitaires publiques pour soigner le Covid-19, a reçu les encouragements du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, lors d’une audience «sur très hautes instructions» du chef de l’Etat.

«J’encourage également tous les efforts visant à mettre au point un traitement endogène du Covid-19 », a notamment déclaré le chef de l’État, Paul Biya, dans son adresse à la Nation, le 19 mai 2020.

«Les gens se sont toujours soignés avec les plantes. Toutefois, elle n’a pas la place qui devrait être la sienne. Elle doit être étudiée de façon scientifique. Il faudrait que la phytothérapie ou la médecine traditionnelle entre dans nos écoles de formation médicale. J’ai lancé un appel à nos députés de voter des lois qui vont sortir la phytothérapie de l’oubli. Nous attendons que les médecins prescrivent des traitements à base de plantes», a déclaré le prélat, au sortir de la séance plénière.

Pour la Dr Peyou Ndi Samba, qui a également mis au point un remède censé soigner le Covid-19, le premier enjeu de cette rencontre est de pouvoir codifier, moderniser et valoriser la médecine traditionnelle au Cameroun afin de réduire les importations de médicaments.

«Cela passe par la fabrication locale des médicaments qui nous permettra de devenir autonomes, d’exporter et de faire entrer des devises à l’image des pays comme la Chine et l’Inde. Il est temps pour le Cameroun de se pencher sur sa pharmacopée étant donné les limites observées par le médicament conventionnel», a déclaré cette praticienne de la santé, spécialiste de la pharmacopée du pays.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 30/06/2020 à 07h55, mis à jour le 01/07/2020 à 10h49