Loterie des visas de diversité américains 2025: engouement aux quatre coins du continent

Green card 2025.

Le 08/05/2024 à 10h44

Le Programme de Visa d’Immigrant Diversité (DV) 2025 suscite à la fois enthousiasme et débat. Avec le lancement du Programme 2025, nous examinons de plus près les réactions suscitées par cette loterie annuelle, qui promet d’offrir aux gagnants la résidence permanente aux États-Unis.

Depuis le samedi 4 mai 2024, date à laquelle les participants au Programme de Visa d’Immigrant Diversité (DV) 2025 peuvent vérifier leur statut de sélection en ligne, on observe un pic de recherches sur Internet pour le sujet «Diversity Immigrant Visa Program» dans plusieurs pays africains tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Mali, les deux Congo, l’Algérie, le Togo, le Bénin, le Burkina Faso, le Rwanda, Kenya, etc. Dans la plupart de ces pays, ce sujet figure dans le Top 4 des tendances de recherches Internet lors de la rédaction de cet article. Cette forte demande d’informations offre l’opportunité de braquer les projecteurs sur ce programme d’immigration très convoité, permettant d’obtenir la résidence permanente américaine.

Via ce programme, des millions d’Africains espèrent gagner le précieux sésame pour une vie meilleure aux États-Unis: le visa de diversité. Créé en 1990, ce programme vise à diversifier les flux d’immigration légale vers les États-Unis en favorisant les ressortissants de pays à «faible taux d’immigration». Pour 2025, jusqu’à 55.000 visas seront attribués aléatoirement parmi les candidats éligibles de ces pays.

Pour la loterie annuelle 2025, les natifs de 18 pays sont exclus du programme, dont ceux du Nigéria. «Pour le DV-2025, les natifs des pays et régions suivants ne sont pas éligibles, car plus de 50.000 natifs de ces pays ont immigré aux États-Unis au cours des cinq années précédentes: Bangladesh, Brésil, Canada, République populaire de Chine (y compris les personnes nées sur le continent et à Hong Kong), Colombie, République dominicaine, El Salvador, Haïti, Honduras, Inde, Jamaïque, Mexique, Nigeria, Pakistan, Philippines, République de Corée (Corée du Sud), Venezuela et Viêt Nam.

«Les ressortissants de la RAS de Macao et de Taïwan sont éligibles», souligne l’instruction du Département d’État Américain, relative au programme de Visa d’Immigrant Diversité (DV) 2025.

En Afrique, où les opportunités économiques restent limitées malgré une croissance démographique galopante, cette loterie est chaque année particulièrement populaire. C’est une lueur d’espoir pour des millions de jeunes africains qui rêvent d’un avenir meilleur à l’étranger, faute de perspectives locales.

Les candidats doivent cependant satisfaire des critères d’éligibilité stricts en termes d’éducation ou d’expérience professionnelle. «Seuls ceux ayant au minimum un diplôme d’études secondaires ou deux ans d’expérience dans un métier qualifié peuvent prétendre au tirage au sort», rappelle le Département d’État Américain.

Des règles du jeu à bien connaître

De plus, les règles d’inscription en ligne sont draconiennes pour éviter les fraudes et candidatures multiples. Une seule entrée est autorisée par personne sous peine de rejet. Le processus est gratuit mais les gagnants devront ensuite s’acquitter de frais de dossier relativement conséquents pour l’obtention du visa.

Certains pays comme le Maroc, l’Algérie et l’Egypte présentent déjà des plafonds de visas disponibles nettement plus bas que le reste de la région Afrique pour 2024. Selon les dernières données publiées par le Département d’État Américain – Bureau des affaires Consulaires pour le programme de visas de diversité (DV-2024), «pour le mois d’avril, les numéros d’immigrants dans la catégorie DV sont disponibles pour les candidats DV-2024 qualifiés, imputables à toutes les régions/pays éligibles d’Afrique jusqu’au rang 45.000, sauf l’Algérie 42.000, l’Egypte 30.000 et le Maroc 35.000», indique le bulletin des visas. Pour le mois de mai, les rangs d’admissibilité pour ces trois pays restent très en deçà du plafond régional: Algérie 51.000, Egypte 32.000 et Maroc 35.000. En juin, le fossé se creuse davantage avec le Maroc à 41.500 contre 57.000 pour le reste de l’Afrique.

Une tendance qui pourrait se confirmer en 2025. Cela s’explique par le volume déjà important d’immigrants originaires de ces pays ces dernières années. La loi américaine limite en effet à 7% du total la part maximale de visas qu’un seul pays peut recevoir.

Au-delà des défis pour obtenir ce précieux sésame, il ne faut pas négliger les difficultés d’intégration auxquelles les bénéficiaires pourraient être confrontés. Contrairement aux autres filières d’immigration qualifiée ou de regroupement familial, le programme de diversité ne prévoit aucune aide financière ou programme d’intégration à l’arrivée. Les nouveaux arrivants doivent pouvoir subvenir seuls à leurs besoins.

Comme le souligne le Département d’État américain, aucune assistance financière ou d’installation n’est prévue pour faciliter leur établissement outre-Atlantique. Ils devront prouver leur autonomie financière et faire face, comme tous les immigrants, aux défis linguistiques, culturels et administratifs inhérents à leur nouvelle vie.

Dans un contexte de ralentissement économique mondial, cette absence de filet de sécurité accroît les risques de précarité pour ces immigrants, souvent peu qualifiés. Sans un solide plan d’intégration socio-économique, beaucoup pourraient se retrouver en situation précaire et être tentés par le travail au noir ou des activités illégales pour survivre.

Pour des experts, «une immigration bien préparée et encadrée est un véritable levier de développement par les transferts d’argent et les compétences qu’elle génère. Mais mal anticipée, elle peut aussi se transformer en drame humain».

A cela s’ajoute le fait que cette ouverture représente une réelle opportunité pour les ressortissants de nombreux pays africains souffrant d’un déficit chronique de voies légales d’immigration vers les États-Unis et l’Occident en général.

Même si tous les candidats sélectionnés ne se verront pas nécessairement délivrer un visa, étant donné que leur nombre dépasse les 55.000 visas disponibles, les chances demeurent intéressantes pour les Africains remplissant les conditions d’éligibilité strictes du programme. Ces dernières portent notamment sur le niveau d’études (équivalent du baccalauréat) ou l’expérience professionnelle dans un métier qualifié.

Un coup de pouce aux transferts de la diaspora

Pour les lauréats africains du DV-2025 obtenant effectivement un visa, les bénéfices peuvent être conséquents. Au-delà de l’accès à la résidence permanente aux États-Unis («green card»), ils pourront, après 5 ans, prétendre à la naturalisation et ainsi jouir de tous les avantages citoyens américains, dont la libre circulation et l’accès au marché du travail très compétitif outre-Atlantique. Leurs chances de mobilité sociale et de prospérité économique s’en trouveront grandement améliorées.

L’envoi de fonds, véritable moteur de développement pour les pays d’origine, pourrait également connaître un nouvel essor. Selon la Banque mondiale, les transferts officiels de la diaspora africaine ont dépassé 49 milliards USD en 2022, contribuant à atténuer la pauvreté et financer des projets locaux. Selon l’Office des changes au Maroc, les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont atteint 27,444 milliards de dirhams (environ 2,738 milliards de dollars américains) contre 27,550 milliards de dirhams (environ 2,749 milliards de dollars américains) à fin mars 2023.

Un vivier de talents et de compétences pour les États-Unis

Les États-Unis, de leur côté, pourront bénéficier de l’injection de nouveaux talents et compétences issus de pays en plein essor économique. Les lauréats du DV apporteront leurs qualifications, leur multilinguisme et leur bagage culturel, autant d’atouts pour un pays capitalisant sur la diversité de sa main-d’œuvre.

La cible de 55.000 migrants permettra également de remédier partiellement aux pénuries de main-d’œuvre qualifiée affectant de nombreux secteurs stratégiques américains, de la santé aux nouvelles technologies, en passant par l’ingénierie et les services.

Le phénomène des arnaques liées au programme DV, avec des recruteurs peu scrupuleux se faisant payer des frais indus, représente également un risque non négligeable auquel les candidats africains devront rester vigilants.

Malgré ces obstacles, le Programme DV-2025 reste une opportunité unique pour de nombreux Africains qualifiés en quête de nouvelles perspectives professionnelles et de mobilité sociale ascendante. Correctement préparés et accompagnés, les lauréats pourront maximiser leurs chances d’une intégration réussie et mutuellement bénéfique aux États-Unis.

Par Modeste Kouamé
Le 08/05/2024 à 10h44