Dans un communiqué publié samedi 11 juillet dernier, Médecins sans frontières (MSF) demande au gouvernement camerounais et aux séparatistes «d’assurer la sécurité des travailleurs de la santé, des hôpitaux, des ambulances et des patients» dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, théâtres d’affrontements quotidiens entre l’armée et des groupes séparatistes depuis près de trois ans.
Ce communiqué de MSF intervient après le meurtre, jeudi soir, 9 juillet 2020, dans la région du Sud-Ouest, d’un agent de santé communautaire camerounais travaillant avec cette association médicale humanitaire internationale.
«Nous sommes choqués et profondément attristés par la nouvelle du meurtre d’un agent de santé communautaire que notre organisation soutenait dans le Sud-Ouest du Cameroun», écrit MSF.
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L’organisation humanitaire affirme avoir été informée de cet homicide par «une déclaration officielle de séparatistes».
Pour MSF, la mort de cet agent de santé communautaire est un «exemple de la violence» qui sévit actuellement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où les attaques contre les travailleurs de la santé et les hôpitaux se produisent de façon régulière.
Présent au Cameroun depuis plus de 30 ans et dans les régions anglophones depuis 2018, MSF rappelle que son principal objectif est d’atteindre les communautés qui disposent d’un accès extrêmement limité aux soins de santé et qui en ont le plus besoin.
Pour ce faire, l’une de ses stratégies consiste à former et soutenir les membres de la communauté afin qu’ils puissent diagnostiquer et traiter des maladies simples. «Les agents de santé communautaires sont indispensables pour que les communautés les plus vulnérables aient accès aux soins médicaux. Leur protection doit être garantie», affirme MSF.
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Depuis avril, des employés de six agences humanitaires différentes ont été victimes d’enlèvements ou ont été détenus illégalement dans des incidents mettant leur vie en danger.
«Tous les membres du personnel impliqués dans ces incidents ont été relâchés, mais ils ont été traumatisés par les menaces de mort», avait alors déclaré la coordonnatrice humanitaire des Nations unies au Cameroun, Allegra Baiocchi.
En juin dernier, l’ONU s’est dit «profondément préoccupée» par les attaques et enlèvements ciblant les humanitaires travaillant dans les régions anglophones, au moment où les efforts se concentrent sur l’intensification de la lutte contre la pandémie de coronavirus (Covid-19).
Les violences dans le Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont forcé quelque 600.000 personnes à fuir leur domicile et ont conduit à «une urgence humanitaire complexe avec 1,7 million de personnes dans le besoin» dans ces régions, d’après l’ONU.
L’augmentation de ces attaques intervient alors que le gouvernement et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont lancé un vaste programme de reconstruction des régions anglophones, déclarées «économiquement sinistrées» en 2019.