Libye: des autorités locales abattent des migrants qui voulaient fuir

Les témoins affirment que les migrants soudanais ont été abattus par les autorités locales.

Les témoins affirment que les migrants soudanais ont été abattus par les autorités locales. . DR

Le 28/07/2020 à 15h04, mis à jour le 28/07/2020 à 15h15

Trois migrants soudanais ont été abattus dans la nuit de lundi à mardi à un point de débarquement situé sur la côte libyenne, a indiqué mardi 28 juillet le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), réclamant l'ouverture d'une "enquête urgente".

Un drame est encore arrivé en sol libyen emportant trois innocentes vies humaines et des autorités locales semblent impliquées dans cette hécatombe. 

En effet l'Organisation internationale pour les migrations (OIM, une instance de l'ONU) a expliqué dans un communiqué que plusieurs de ses employés avaient rapporté que "les autorités locales ont commencé à tirer lorsque les migrants ont tenté de s'échapper du point de débarquement".

Le HCR "déplore la perte tragique de trois personnes et demande une enquête urgente" à la suite des "tirs par balle au point de débarquement d'Al Khums en Libye la nuit dernière, après l'interception d'un bateau par les gardes-côtes libyens", a-t-il indiqué dans un communiqué, précisant que la fusillade s'était déroulée après le débarquement de plus de 70 personnes.

Les trois victimes étaient soudanaises, a précisé le HCR. Deux sont décédées sur place mais la troisième, selon le communiqué, a été prise en charge par une ambulance du Comité international de secours (IRC) mais elle est décédée pendant le transfert vers l'hôpital.

La fusillade a également fait deux blessés.

"Les autres personnes qui ont été débarquées ont été placées en détention", a précisé l'instance onusienne.

"Le recours à une violence excessive entraîne une nouvelle fois une perte de vies absurde, dans un contexte de manque d'action pour changer un système qui fait souvent défaut pour fournir un certain niveau de protection", a commenté Federico Soda, chef de la mission en Libye de l'OIM, cité dans le communiqué.

"Cet incident souligne crûment que la Libye n'est pas un port sûr pour le débarquement", a relevé Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale, cité dans le communiqué de son organisation.

Il a jugé "nécessaire d'augmenter la capacité de recherche et de sauvetage en Méditerranée, y compris avec des navires d'ONG, afin d'augmenter la probabilité que les opérations de sauvetage conduisent à des débarquements dans des ports sûrs en dehors de la Libye".

Et d'appeler au "nécessaire" renforcement de "la solidarité entre les Etats côtiers de la Méditerranée".

Les départs de migrants depuis les côtes libyennes ont augmenté de près de 300% entre janvier et avril 2020, comparé à la même période de 2019, selon l'ONU.

Plus de 100.000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée en 2019 et plus de 1.200 ont péri en mer, selon l'OIM.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 28/07/2020 à 15h04, mis à jour le 28/07/2020 à 15h15