Depuis une dizaine de jours, les attaques se multiplient contre les établissements scolaires dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, en proie à la crise depuis fin octobre 2016. La plus récente de ces attaques a eu lieu mercredi 4 novembre à Limbe, ville côtière du Sud-Ouest située à 80 kilomètres de Douala, la métropole économique. Des individus cagoulés munis d’armes blanches -«près d’une dizaine» selon le gouvernement- ont fait irruption ce jour-là dans l’enceinte du «Kulu Memorial College» aux environs de 12h00 (heure locale).
«Après avoir fait subir des violences corporelles aux élèves et aux enseignants, les assaillants ont saccagé les locaux et incendié une bonne partie de l’établissement», a annoncé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, dans un communiqué publié mercredi dans la soirée.
Ce dernier affirme qu’il n’y a eu «aucune perte en vie humaine ni aucun cas de blessure». Les images de cette attaque ont été abondamment relayées sur les réseaux sociaux. Il s’agit de la troisième attaque du genre perpétrée cette semaine par des groupes armés, des «terroristes» sécessionnistes selon les autorités camerounaises.
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Mardi 3 novembre, des enseignants d’une école presbytérienne ont été kidnappés par plusieurs individus masqués à Kumbo, localité de la région du Nord-Ouest. Les dirigeants de cette école ont déclaré que onze enseignants et personnels administratifs avaient été emmenés par leurs ravisseurs, alors que le gouvernement affirme qu’ils sont seulement six.
Le même jour à Bamenda, capitale régionale du Nord-Ouest et bastion de la contestation anglophone, des «hors-la-loi» ont ouvert le feu en direction d’un collège avant de s’enfuir à la vue d’une patrouille de l’opération «Bamenda clean» (Bamenda propre) alertée et arrivée sur les lieux, a précisé le ministre de la Communication.
Cette opération a été lancée le 8 septembre dernier dans le but de sécuriser la ville et de protéger les populations des exactions des groupes armés qui opèrent dans cette partie du pays. La mort de sept élèves, abattus le 24 octobre par un commando armé dans l’attaque de leur école à Kumba (Sud-Ouest), avait ému jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
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Les obsèques des victimes ont débuté ce jeudi 5 novembre avec la levée des corps. Le maire de Kumba a déclaré qu’ils seraient enterrés chacun à l’endroit choisi par leurs familles respectives. Le secteur de l’éducation est la cible régulière des attaques depuis le déclenchement de la crise anglophone.
En quatre ans, plusieurs élèves et enseignants ont été enlevés et tués. D’autres ont connu un sort moins funeste, ayant été libérés contre le paiement de fortes rançons.
Le gouvernement condamne ces «actes odieux et lâches» qui visent à dissuader les parents d’envoyer leurs enfants à l’école et à créer la psychose au sein de la communauté éducative. Il rassure quant à l’engagement des pouvoirs publics à assurer leur sécurité et celles des populations. A noter que ces attaques surviennent quelques semaines après la rentrée scolaire le 5 octobre, sept mois après la fermeture des écoles en raison du Covid-19.