Jusqu’en 2010, le Niger ne disposait que d’un seul néphrologue logé au service de néphrologie de l’hôpital national de Lamordé de Niamey. C’est lui qui devait, à l’époque, s’occuper des nombreux malades d’insuffisance rénale du pays, avec des moyens limités. Aujourd’hui à la retraite, il a été l’un des artisans du développement de cette spécialité qui enregistre plusieurs malades à travers le pays.
Aujourd’hui en 2022, le pays compte 14 néphrologues, et deux régions sur huit que compte le Niger dispose de centres de dialyse et de spécialistes. Une avancée certes, mais encore très insuffisante pour répondre aux besoins en soins de santé pour l’un des pays les plus vastes d’Afrique subsaharienne.
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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit une augmentation de la prévalence de la maladie rénale de 17% dans les dix années à venir. Chaque année en raison d’un diagnostique tardif, des millions de personnes décèdent prématurément d’insuffisance rénale chronique et des complications cardiovasculaires qui lui sont associées.
Pour en savoir plus, nous nous sommes rendus au centre de néphrologie de l’hôpital national de Lamordé de Niamey créé vers 1984 et rendu opérationnel en 2002. Ici quatre médecins néphrologues se relaient jour et nuit pour consulter, traiter et apporter assistance aux nombreux malades qui se font enregistrer tous les jours. Les causes des maladies rénales enregistrées au Niger sont nombreuses.
«Quand le rein s’exprime, c'est qu'il était malade depuis. Le rein c'est comme un tamis, il y a plusieurs trous. Mais le temps que tous ces trous là se ferment, ça prend du temps puisqu'il y. a de milliers de trous. Progressivement, tous les trous se ferment et arrive le moment où aucun trou ne laisse passer les déchets du corps.
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Les maladies rénales découlent généralement des maladies telles que le diabète, l'hypertension artérielle, les prises d’automédication et les infections.
Chez les jeunes surtout, ce sont des infections en premier lieu sexuellement transmissibles, ça peut entraîner une atteinte rénale, les infections urinaires chroniques, chaque fois que l'individu a des problèmes ou quand il urine ça chauffe ou bien l'autre grande infections qui est une pandémie internationale, le VIH, ou bien même l'hépatite B qui a une prévalence d'à peu près 15% ou 20% au Niger», explique le médecin néphrologue Illiassou Aboubacar.
Le centre dispose de cinq catégories et 21 lits pour l’ensemble des malades de la ville de Niamey, et des autres régions du pays. Quatre salles de dialyse au total y sont disponibles et dotées de 8 machines chacune qui fonctionnent au quotidien. Sur ces machines, 2 branchements sont faits par jour, soit 64 patients par jour du lundi au samedi, ce qui fait 384 patients par semaine.
«Avec 14 néphrologues, je pense que c'est très insuffisant, parce qu'il n'y a que deux centres, un à Niamey et l'autre à Zinder. Il reste presque six centres parce qu'il y a 8 régions au Niger. Vous imaginez donc que toutes les autres régions se recentrent sur nous et sur Zinder pour la prise en charge», souligne-t-il.
Il faut développer davantage les ressources humaines, que ce soit les techniciens en néphrologie, pour les services de dialyse, ou même les néphrologues. Il faut aussi donner des bourses, former et ouvrir les centres pour pouvoir vraiment sauver les patients, car la plupart des décès sont souvent dus à cette insuffisance rénale qui est méconnue», explique le médecin néphrologue Illiassou Aboubacar.
L’Etat du Niger a subventionné la dialyse mais exige une caution de 150 000 fcfa à vie plus le cathéter à 50 000 fcfa à la charge du patient. Les maladies rénales sont douloureuses, mais, grâce au centre, plusieurs patients admis connaissent une amélioration de leur situation et même une guérison.
«Je suis là depuis près de deux mois. Au tout début, je me sentais sérieusement malade et je me suis mis à consommer des médicaments, et malheureusement ça n'allait toujours pas. J'ai alors décidé d'aller au district sanitaire de Galmi et, finalement, ils m'ont envoyé ici à Niamey. Dans un premier temps, je fus resté à la catégorie quatre où j'ai reçu des traitements jusqu'à retrouver ma santé. C'est après une dialyse qu'on m'a hospitalisé une deuxième fois ici et, depuis, ce sont des douleurs au ventre qui me dérangent», déclare Amadou Idrissa malade interné au centre.
«Au début, je sentais un palu et je me suis conformément traité. Et tout juste après, je ressentais des douleurs au niveau des articulations et je me suis aussi traité. Quelque temps après mon retour à la maison, du sang en grande quantité coulait de mes narines. Je ressentais des douleurs au nez et à la gorge et on m'a transporté à l'hôpital, avant d'y arriver, j'ai perdu une quantité énorme de sang. J’ai reçu de nombreux traitements avant d'être transféré ici à Niamey. Et à présent je remercie le seigneur, je vais beaucoup mieux», déclare Mahamdou Zakari, malade interné au centre.
Ce centre de néphrologie ne pratique pas encore la greffe du rein, celui de Zinder non plus. Tout de même, les médecins néphrologues du Niger plaident pour que l’État crée les conditions à sa réalisation.