Ce sont des forêts qui s’étendent sur des superficies variées. La taille d’une forêt sacrée dépend de la valeur de la chefferie traditionnelle qui l’abrite. Au Cameroun, l’on distingue les chefferies traditionnelles de 3ème, de 2ème et de 1er degré.
Mais la valeur d’une chefferie ne dépend pas seulement de cette classification administrative, mais aussi des forces spirituelles qui gravitent autour du chef. Les forêts sacrées sont alors logées dans ces territoires bien délimités, et chaque chef traditionnel est le garant de sa forêt, même s’il est admis dans certains villages que les vrais gardiens de ces forêts ne sont pas forcément des chefs, plutôt d’autres personnes du village rarement soupçonnées.
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Les forêts sacrées de l’Ouest-Cameroun sont ainsi des espaces où les vivants ont la possibilité de communiquer avec leurs ancêtres pour que ceux-ci intercèdent pour eux auprès de Dieu dans la perspective d’améliorer les conditions de vie de toute la communauté. Les demandes formulées tournent généralement autour de la procréation, de la lutte contre les disettes et de toutes les maladies endémiques.
La forêt sacrée est aussi le cimetière des princes d’une chefferie. Par leur caractère sacré et inviolable, les forêts sacrées deviennent alors inaccessibles à toutes les personnes non initiées, y compris les fils et filles du village dans lequel elles se situent. Personne n’y va par orgueil et en ressort sans intervention des dépositaires des pouvoirs traditionnels du village qui doivent au préalable organiser des rituels pour la circonstance, nous apprend-on dans un village des hauts plateaux.
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Ces valeurs traditionnelles éloignent, de ce fait, les forêts sacrées de toute exploitation tant de ressources forestières que fauniques. Les hommes de science soutiennent que plusieurs espèces animales et végétales ont disparu dans la région de l’Ouest mais l’on en retrouve encore quelques-unes dans ces endroits sacrés.
Toute chose qui invite les pouvoirs publics à accorder une certaine considération à ces forêts, modèles incontestés de la préservation de la biodiversité non seulement dans la région de l’Ouest, mais aussi dans le pays tout entier. Les chefs traditionnels devraient aussi pérenniser cet héritage culturel qui tend à être délaisseé par les générations actuelles.