Les pays africains, et notamment les ex-colonies de la France, doivent penser à changer le système d’évaluation des compétences, autant dans les entreprises à capitaux privés que dans celles à capitaux mixtes ou publics. Le système actuel, hérité des colons, est devenu archaïque.
C’est en ces quelques termes que l'on pourrait résumer l’échange fructueux entre deux libres-penseurs au cours d’une émission matinale sur une radio de Yaoundé. Roger et Emmanuel tentaient d’expliquer aux auditeurs comment et pourquoi le développement peine à décoller dans certains pays du continent. Et parmi les raisons évoquées, figurait bel et bien le culte du diplôme avec lequel l’Afrique a fait corps depuis les années d’indépendance.
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Pour eux, tout recrutement dans une entreprise en Afrique est conditionné par la présentation d’un diplôme équivalent à la compétence concernée. En clair, le privilège est accordé au diplôme et la compétence de la personne à recruter est vérifiée une fois dans l’entreprise. Ce qui met à mal l’atteinte des objectifs dans ces entreprises, car les détenteurs des diplômes ne sont pas toujours les plus compétents, ont déclaré les intervenants de l’émission radiophonique.
Mais dans les rues de Yaoundé, les sons sont discordants sur cette question. Si la majorité des personnes que nous avons rencontrées semblent donner raison à Roger et Emmanuel, ce n’est pas le cas pour d’autres qui estiment que le diplôme est l’unité de mesure de la compétence car c’est ce document qui donne la possibilité aux chefs d’entreprises d’évaluer la compétence probable de tout demandeur d’emploi.
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En plus, pour ceux-là, il est suffisamment difficile d'obtenir, par exemple, le diplôme d’ingénieur si l'on n’a pas les compétences requises en la matière. De l’actualité au Cameroun, l’on peut néanmoins conclure que les faux diplômes foisonnent depuis un bon moment. Le phénomène touche toutes les catégories d’entreprises, au grand désarroi des responsables qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Une situation qui relance le débat sur pourquoi l'on ne changerait ou n'améliorerait pas le système d’enseignement et d’évaluation en Afrique.