RETRO 2018. CAN 2019: la désillusion du Cameroun

Stade d'Olembé à Yaoundé, Cameroun.

Stade d'Olembé à Yaoundé, Cameroun. . DR

Le 24/12/2018 à 15h57, mis à jour le 24/12/2018 à 16h07

La CAF a décidé, le 30 novembre 2018, de retirer l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations 2019 au Cameroun. Une décision qui marque la fin d'un feuilleton qui aura tenu en haleine les Camerounais durant toute l'année 2018, et qui se termine par un véritable camouflet.

La décision du retrait de la Coupe d'Afrique des nations 2019 au Cameroun est tombée comme un couperet le 30 novembre 2018, à l'issue de la réunion du Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) tenu à Accra, au Ghana.

Cette décision avait été prise après avoir «constaté que toutes les conditions de conformité n’ont pas été respectées; analysé et évalué l’écart existant entre les exigences et obligations du cahier des charges de la CAN et la réalité du terrain; constaté de visu l’état des différents chantiers ouverts; estimé qu’un événement de la dimension d’une CAN exige une organisation irréprochable; après avoir enfin considéré qu’un simple report n’est pas envisageable en raison des impératifs de contrats engageant la CAF dans le maintien de ses dates», tels sont les termes qui ont été employés par le communiqué émis par la CAF à cette occasion. 

Un retrait redouté par le pays et alimenté au fil des missions d'inspection de la CAF, car cette épée de Damoclès était brandie sur le Cameroun depuis des mois.

Dans une interview à la télévision panafricaine Afrique Media, au lendemain de cette décision, le président de la CAF, Ahmad Ahmad, avait évoqué un taux global d'avancement des travaux de 55% environ.

La compétition devrait être délocalisée en Égypte ou en Afrique du Sud, ces deux pays étant les seuls à avoir répondu à l'appel à candidatures lancé par la confédération africaine pour trouver un remplaçant, au pied levé, au Cameroun. Sur place, la nouvelle a été vécue comme une humiliation et une injustice, au regard des importants investissements consentis et du changement unilatéral du cahier de charges, faisant passer le nombre de pays participants de 16 à 24.

Lourdeur

Malgré tout, le Cameroun avait accepté de relever ce défi et les autorités locales indiquent que les travaux de construction des infrastructures vont se poursuivre normalement, malgré la décision de la CAF. Mais l'opinion publique camerounaise, ainsi que les partis de l'opposition, demandent des comptes. Ainsi, le Social Democratic Front (SDF), l'un des principaux partis de l'opposition, a exigé une commission d'enquête parlementaire sur le retrait de la CAN 2019, afin d'en établir les responsabilités et de traîner éventuellement les coupables devant la justice.

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, les dénonciations fusent et divers camps se rejettent la responsabilité de cet échec. Au cours d'une réunion d'autocritique présidée par le Premier ministre, la lourdeur des procédures administratives a été relevée, notamment dans le traitement des dossiers des marchés publics relatifs aux travaux de construction, ont considérablement ralenti les travaux.

Cette "lourdeur" a donc été désignée comme l'une des causes de la non-tenue des délais. Par ailleurs, on a noté sur le terrain, une prolifération des unités techniques de contrôle et de suivi des différents travaux, dont les actions se neutralisaient. En outre, un grand nombre de marchés ont été attribués à des entreprises ne justifiant pas forcément ni de l'expérience, ni de l'expertise ou de la capacité financière nécessaire à même de mener ce genre de chantiers.

In fine, la CAF, à travers son président, a notamment proposé au Cameroun d'accueillir l'édition de 2021 à la place de la Côte d'Ivoire, et de procéder à un glissement des dates des prochaines organisations. Une proposition acceptée par le Cameroun, mais pas par la Côte d'Ivoire, qui a porté l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Rien n'est encore joué et le Cameroun n'est pas sûr d'accueillir une CAN dans les prochaines années, l'édition de 2023 ayant d'ores et déjà été attribuée à la Guinée, et le principe du glissement n'étant en effet fondé sur aucun texte de la CAF.

Après avoir perdu la bataille de la CAN 2019, le Cameroun se retrouve également en difficulté pour l'organisation de la CAN 2021... 

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 24/12/2018 à 15h57, mis à jour le 24/12/2018 à 16h07