La frontière ivoiro-guinéenne est une nouvelle fois au centre d’une crise. Dans la nuit de dimanche à lundi, des hommes armés se réclamant de l’armée guinéenne ont fait une incursion dans le village frontalier de Dreupieu, dans le département de Danané, et y ont semé la terreur dans le but de pousser les populations à abandonner leurs terres.
Les assaillants ont lancé un ultimatum aux villageois, les accusant d'occuper un territoire qui ne leur appartient pas, rapporte la presse ivoirienne. Ils s’en sont également pris au drapeau ivoirien qui trônait dans la cour de l’école du village. Un acte qui a suscité le courroux des instituteurs qui, voulant s’y opposer, ont subi une bastonnade en règle. Et d’après le correspondant local du quotidien Soir Info, des villageois auraient même été kidnappés par leurs bourreaux qui ont laissé sur place une population terrorisée.
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Pour l’heure, les autorités ivoiriennes n’ont pas réagi. Mais la population se demande s'il faut qualifier l'événement d’acte de banditisme isolé ou s'il faut y voir la résurgence d’un différend frontalier qui met régulièrement en scène des groupes d’individus armés.
En effet, le tracé de la frontière ivoiro-guinéenne, longue de 610 km, déclenche régulièrement des tensions. Ainsi, dans la nuit du 21 au 22 décembre 2016, un groupe d’individus armés de kalachnikovs et venus de Guinée avaient pris le contrôle du village Kpéaba, dans la sous-préfecture de Sipilou, à une quinzaine de kilomètres de la frontière. Il y avait fait un mort et de nombreux dégâts matériels avant de se retirer, revendiquant ce territoire villageois.
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Ces individus avaient en fait pris le relais de l’armée guinéenne qui, en janvier 2013, avait occupé ce même village trois semaines durant en y installant le drapeau guinéen. A l’époque, les autorités ivoiriennes avaient opté pour des négociations afin d’éviter l’éclatement d’une crise diplomatique. Et à la suite de pourparlers, les deux pays avaient convenu de lancer une opération de bornage de leur frontière commune, opération restée manifestement sans suite.
Il faut dire que la frontière ivoiro-guinéenne est une zone agricole réputée fertile avec un sous-sol particulièrement riche. Abidjan et Conakry ont par exemple en partage le mont Nimba, un site qui recèle plus d’un milliard de tonnes de minerai de fer selon des sources officielles ivoiriennes.