La libéralisation du ciel en Afrique commence à devenir une réalité. Ce projet qui figure parmi les principaux programmes de l’agenda 2063 de l’Union africaine semble connaître un certain succès, comparativement à d’autres, comme la ZLECA où la libre circulation des personnes, si l'on considère le nombre de pays ayant signé leur adhésion à cet accord.
En effet, à fin mai 2018, selon les données de la Commission de l’Union africaine, 26 pays du continent (*) regroupant plus de 530 millions d’habitants, ont signé leur adhésion au Marché unique du transport aérien en Afrique (MUTAA) ou Single african air transport market (SAATM) avec l’engagement clair d’appliquer la décision de Yamoussoukro qui libéralise totalement les fréquences, les tarifs et la capacité des avions.
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Désormais, la libéralisation du ciel africain pourrait être lancée, au moins par les pays signataires, et ce d’autant que parmi les 26 pays ayant acté leur adhésion figurent les grandes puissances économiques du continent: Nigeria, Afrique du Sud, Egypte, Ethiopie, Kenya. Pays qui disposent des plus importantes flottes aériennes africaines (Ethiopian airlines, EgyptAir, Saouth african airlines, Kenya airways, etc.).
C’est dans ce cadre que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a demandé au groupe de travail ministériel sur le MUTAA qui s’est réuni le 28 mai dernier à Lomé, au Togo, de mener une campagne pour amener tous les pays du continent à rejoindre le marché unique aérien continental. Il a aussi appelé la Banque africaine de développement et d’autres institutions financières à accélérer les efforts de mobilisation de ressources en faveur de la pleine opérationnalisation du MUTAA.
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Cette libéralisation va faire sauter toutes les barrières non physiques du transport aérien intra-africain et les restrictions liées à l’octroi des droits de trafic, spécialement ceux de la 5e liberté de l’air. Cette 5e liberté est très importante puisqu’elle permet à un transporteur aérien continental de relier deux pays africains sur un vol en provenance ou à destination de son propre pays avec le droit de transporter et de débarquer des passagers aux escales intermédiaires.
Pour autant, les avantages attendus de cette libéralisation sont nombreux. Outre l’amélioration de la connectivité des pays africains, elle rendra l’industrie aéronautique africaine plus viable, entraînera une réduction des tarifs des billets d’avion et permettra du coup d’impulser le tourisme et les échanges commerciaux au sein du continent.
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Ainsi, selon les projections, la mise en place du MUTAA se traduira par une réduction de 25 à 35 % des tarifs des billets d’avion au niveau du continent, boostant par la même occasion le voyage par avion. En effet, alors que l’Afrique compte 15% de la population mondiale, elle ne représente que 3% du trafic aérien mondial. Avec un peu plus de 100 millions de passagers enregistrés actuellement, grâce à la libéralisation et à ses effets positifs, le nombre de passagers devrait atteindre 300 millions à l’horizon 2035.
Reste que pour que le ciel africain soit totalement libéré, il est nécessaire que tous les pays du continent adhèrent à ce marché unique aérien. Pour le moment, ce sont surtout les pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) qui disposent égalent de flottes aériennes importantes, qui manquent à l‘appel.
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(*) Les États membres actuels qui ont souscrit à l'engagement solennel sont les suivants: Bénin, Burkina Faso, Botswana, Cap-Vert, République centrafricaine, Tchad, Congo, Côte d'Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Libéria, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda, Sierra Leone, Afrique du Sud, Swaziland, Togo et Zimbabwe.