En pleines tensions diplomatiques entre Abidjan et Bamako, 425 soldats ivoiriens envoyés au Mali

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Le 26/08/2022 à 07h29

Alors que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali sont tendues, suite à l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés puis inculpés à Bamako pour «tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat», de nouveaux soldats ivoiriens sont arrivés la semaine dernière au Mali.

Il s’agit de 425 éléments de l’armée ivoirienne déployés dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Ils ont ainsi rejoint le 2e bataillon de Casques bleus ivoiriens basé à Tombouctou, a fait savoir mercredi le gouvernement ivoirien.

La même source a ajouté que ce bataillon, fort de 650 soldats dont 56 officiers, est déployé pour un engagement de 12 mois dans la ville du nord-ouest du Mali. Ses missions: assurer le contrôle de positions avancées dans le fuseau Ouest, à faire des patrouilles de sécurisation et des escortes de convois de ravitaillement.

S’adressant le 18 août dernier aux soldats avant leur départ pour le Mali, le chef d’état-major général des armées de Côte d’Ivoire, le général Lassina Doumbia, les a exhortés à «rester des soldats ivoiriens, avec une parfaite connaissance de la mission et l’exécuter avec professionnalisme. Vous devez porter encore plus haut, cette renommée acquise durement en mission extérieure et qui est reconnue dans les instances onusiennes».

Le général Doumbia est également revenu sur la situation des 49 militaires ivoiriens détenus au Mali. «Au Mali, vos faits et gestes seront certainement observés tout comme votre attitude. Demeurez des ambassadeurs de paix dans votre zone de responsabilité», a-t-il souligné.

Dans la même veine, concernant les nouvelles dispositions réglementant l’exploitation par la MINUSMA de l’espace aérien malien, l’officier s’est montré à la fois ferme et rassurant avec ses hommes: «Les appuis aériens ne viendront certainement pas quand ils seront le plus attendus. Vous ne devrez compter que sur vous-mêmes en cas de coup dur. Si cela advenait, sachez que vous avez été mieux formés que l’ennemi. Il s’agira seulement d’appliquer vos actes réflexes et élémentaires.»

Une crise diplomatique qui perdure

Pour rappel, les autorités maliennes ont arrêté le 10 juillet dernier 49 militaires ivoiriens qui, selon elles, «se trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali (…) en possession d’armes et de munitions de guerre sans ordre de mission ni autorisation». Les qualifiant de «mercenaires», Bamako a accusé ces soldats d’avoir le «dessein funeste» de «briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel».

Cette thèse a été complètement rejetée par les autorités ivoiriennes. Selon ces dernières, les 49 soldats étaient déployés au Mali en tant qu'«Elements nationaux de soutien» (ENS), une procédure de l'ONU permettant aux contingents des missions de maintien de la paix de faire appel à des prestataires extérieurs pour des appuis logistiques.

Depuis lors, les relations diplomatiques entre les deux pays voisins ont pris un coup. Afin d'aboutir à un règlement dans l'intérêt des deux parties, Bamako a appelé à une médiation du Togo. Le président de ce pays, Faure Gnassingbé, assure cette médiation et a, d'ailleurs, reçu séparément deux délégations ivoirienne et malienne au Palais présidentiel à Lomé. Mais jusque-là, pas d'aboutissement dans ce dossier.

Par Mohamed Koné
Le 26/08/2022 à 07h29