«J’ai demandé au ministre et au chef d’Etat-major des armées de pouvoir repenser, d’ici à l’automne, l’ensemble de nos dispositifs sur le continent africain. C’est une nécessité stratégique, car nous devons avoir des dispositifs moins posés et moins exposés», a déclaré mercredi 13 juillet 2022, à la veille de la fête nationale française, le président Emmanuel Macron.
Cette sortie du président, qui entame son second mandat à la tête de la France, intervient alors que la force française Barkhane est en train de se retirer du Mali, suite à la demande des autorités de transition de ce pays, après la dégradation des relations entre Paris et Bamako, dans le sillage de l’arrivée des forces paramilitaires russe de Wagner.
Si le président français n’a pas explicité le nouveau concept de dispositifs «moins posés et moins exposés», diverses sources avancent que Paris discute avec ses partenaires de l’Afrique de l’Ouest et du centre sur de nouvelles formes d’intervention plus discrètes. En clair, la France restera présente, mais ne sera plus en première ligne pour affronter les terroristes. «Nous avons certes fait monter en puissance l’armée malienne, mais nous avons parfois agi à sa place. C’est terminé», avait récemment déclaré le général Laurent Michon, commandant de Barkhane.
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Ce changement de paradigme s’explique certainement par les relations tendues avec le Mali, mais est aussi dicté par la crise en Ukraine qui pousse la France à se repositionner davantage en Europe.
Une chose est sûre, la France n’est pas prête à quitter son pré carré africain. Pour Emmanuel Macron, il faut «réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines» et de reconstruire «une capacité à former ici et là-bas».
Pour autant, la France ne se désengage pas. Elle dispose actuellement de plusieurs milliers d’hommes au niveau du continent dont le gros de ses troupes se trouve au Sahel, région qui fait face au terrorisme islamiste depuis plus d’une décennie. Si la France compte réduire sa présence dans cette région en ne maintenant qu’environ 2.500 militaires, le président français tient à rassurer quant à la poursuite de l’engagement français «contre la menace terroriste partout, notamment en Afrique». Ainsi, un millier de soldats seront maintenus au Niger où les Français conserveront un PC dédié avec des capacités aériennes à même de fournir un appui de feu et du renseignement aux forces nigériennes.
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Mais au-delà de la présence des forces françaises sur le terrain pour faire face aux terroristes, notamment au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Tchad, se pose aussi la question de la présence des bases françaises dans certains pays du continent (Sénégal, Côte d’Ivoire, Gabon et Djibouti). Des bases militaires décriées par de nombreux panafricanistes et opposants politiques aux régimes en place.
Une chose est toutefois certaine, Paris ne compte pas se désengager et courir le risque de se voir déclasser stratégiquement au niveau du continent par d’autres puissances, notamment la Russie, la Chine, la Turquie…
Et afin d’expliquer ce nouveau paradigme, les ministres des Armées, Sébastien Lecornu, et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, débuteront leur tournée dès le 15 juillet, par le Niger, suivi le 16 juillet par la Côte d’Ivoire, pour expliquer la nouvelle vision de la présence française en Afrique. Et fin juillet, c’est le président français Emmanuel Macron en personne qui entamera un périple africain pour expliquer ce nouveau paradigme de la présence française en Afrique.