Le Sommet de Paris dédié à la relance post-Covid-19 en Afrique, faisant partie de l’initiative du président français pour renforcer les investissements sur le continent, qui fera face à un déficit de près de 300 milliards de dollars d’ici fin 2023, n’a pas été sanctionné par un nouvel engagement financier au profit du continent africain. Toutefois, force est de constater qu’une certaine unanimité est désormais acquise en faveur d’un important soutien financier au profit des pays africains afin de contribuer à la relance post-Covid-19 des économies lourdement touchées par la pandémie du Covid-19.
«Nous sommes réunis ici pour inverser ce qui s’est développé, un décalage très risqué entre les économies avancées et les pays en développement, en particulier en Afrique», a souligné Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire international (FMI), rappelant que le Produit intérieur brut en Afrique devrait croître de seulement 3,2% en 2021, contre 6% dans le reste du monde, alors que l’Afrique était l’une des économies les plus dynamiques au cours de ces dernières années avant de subir en 2020 sa première récession depuis un quart de siècle.
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Du coup, le Sommet de Paris était très attendu par les pays africains comme en atteste la présence de 19 chefs d’Etat, de 2 chefs de gouvernement et de 2 ministres des Finances du continent africain.
Reste que les résultats du sommet sont globalement mitigés, même si des consensus semblent se dégager sur un certain nombre de points.
D’abord, sur le volet le plus attendu du Sommet de Paris, à savoir le financement des économies africaines pour une relance post-Covid-19, aucun engagement ferme n’a été pris par les participants. Ils ont toutefois affirmé qu’ils poursuivraient les discussions autour de la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS), comme mécanisme à même de contribuer au financement des économies africaines.
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L’objectif est d’arriver à un consensus sur l’émission globale de DTS de 650 milliards de dollars et surtout de l’affectation d’une part plus importante des DTS émis au continent africain dont la quote-part s’établit actuellement à 33 milliards de dollars. Pour rappel, les DTS sont en fait une sorte de chèques convertibles en dollars, distribués en proportion du poids spécifique des pays et de leur contribution aux ressources du FMI.
Seulement, les besoins de financement du continent pour pouvoir contrer les effets de la pandémie du Covid-19 sont estimés à 285 milliards de dollars d’ici 2025. Partant, le président français, à l’origine du Sommet de Paris, a appelé les pays riches à porter la quote-part de l’Afrique dans cette émission de DTS à 100 milliards de dollars. «Nous sommes prêts à réallouer les DTS pour constituer un tour de table qui s’élève à au moins 100 milliards de dollars pour l’Afrique», a souligné le président français Emmanuel Macron. Les Etats-Unis ne sont pas opposés à cette initiative et il est fort probable qu’un accord soit trouvé lors du prochain sommet du G7 ou du G20 qui se tiendra entre juin et septembre prochains.
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Ce mécanisme a l’avantage d’apporter des financements aux pays africains sans que ceux-ci ne recourent à l’endettement extérieur. Un endettement qui commence à peser très lourdement sur les finances publiques de nombreux pays du continent dont 17 sont aujourd’hui dans une situation de surendettement.
Pour ce qui est du volet de la dette sur lequel les pays africains espéraient moratoire et annulation, cela dépendra de l’attitude des bailleurs. Les Etats-Unis, la Chine et l’Union européenne vont continuer à se pencher sur une solution à cet épineux problèmes. Toutefois, force est de constater que sur ce volet, Paris ne pèse plus grand chose.
L’annulation de la dette par le Club de Paris, instance présidée par la France et qui regroupe les principaux pays créanciers occidentaux, n’a plus les effets escomptés. En effet, depuis quelques années, la Chine et les investisseurs privés sont devenus les premiers créanciers du continent, éclipsant les vieux créanciers occidentaux. Or, la Chine n’est pas très favorable à l’annulation de la dette. Quant au privé, ce n’est pas un sujet à débat. Et en plus, les précédentes annulations de dettes des pays africains n’ont pas abouti aux résultats escomptés.
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En clair, pour sortir du cercle vicieux de l’endettement, il faut que les pays africains adoptent une gouvernance transparente, mettent en place de meilleures infrastructures et intègrent les chaînes de valeur mondiale. Certains pays africains, comme le Rwanda, ont montré que c’est possible sans un endettement massif.
Enfin, l’autre volet des débats a concerné la lute contre la pandémie du Covid-19 et l’accès aux vaccins. Concernant la lutte contre la pandémie du Cocid-19, les participants ont mis l’accent sur la nécessité de «développer, par des partenariats de financement et industriels , une capacité de production en Afrique des vaccins de type adénovirus, protéines recombinées et ARN messager, dans les prochaines semaines».
Toutefois, sachant que l’installation d’unités de production prendra du temps, les participants ont convenu de «pousser l’ambition de Covax de 20% à 40% de personnes vaccinées en Afrique» dès 2021 en misant sur les transferts de doses.
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Bref, le Sommet de Paris a permis de braquer les projecteurs sur l’Afrique en l’espace d’une journée. Reste que les problèmes de financement demeurent entiers et le continent, le moins touché par la pandémie du Covid-19, risque de trainer pendant longtemps les impacts économiques négatifs de la crise sanitaire faute de financements pour relancer sa croissance, tanis que les pays développés recourent fortement à la planche à billets pour financer leur relance.
Alors qu’on débat pour une réallocation des DTS portant sur un montant de 100 milliards de dollars pour 54 pays africains, 16.000 milliards de dollars ont été injectés par les pays riches dans la relance de leurs économies pour faire face au Covid-19.