Avec trois usines construites en cinq ans, Ciments de l'Afrique (Cimaf) se prépare à prendre le leadership du marché ivoirien très concurrentiel en décentralisant sa production. En mars 2016 déjà, après trois ans d’activité, Cimaf doublait à 1 million de tonnes la capacité de production de son usine d’Abidjan.
La seconde étape sera l’inauguration en juin prochain de la seconde cimenterie, dans la ville portuaire de San Pedro, à l’ouest d’Abidjan. D’une capacité de 1 million de tonnes, extensible à 2 millions, la nouvelle usine va permettre d’approvisionner tout le flanc ouest du pays (un avantage certain par rapport aux quatre autres cimentiers du pays, tous implantés à Abidjan), pour un investissement de 35 milliards FCFA, soit 53,36 millions d’euros.
La troisième phase vient d'être dévoilée avec l'annonce du lancement des travaux de la construction d’une troisième cimenterie en mai prochain, cette fois à Bouaké, le second pôle économique après Abidjan situé au centre du pays.
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Avec une capacité de 50.000 tonnes extensible à 1 million de tonnes, celle-ci sera dotée «d’équipements de troisième génération», selon Khalid Khayat, le directeur de Cimaf. Cette unité nécessitera un investissement de 20 milliards FCFA, soit 30,5 millions d’euros.
Cette dernière infrastructure qui sera opérationnelle au second semestre 2018 va ainsi porter l’offre de la société à 2,5 millions de tonnes l’an, un niveau qui pourra être relevé à 4 millions de tonnes, avec l’idée d’exporter vers la sous-région ouest-africaine.
Ainsi, avec la dernière unité qui vient d'être lancée, l’entreprise prend ainsi la tête des cimentiers du pays, devant LafargeHolcim Côte d’Ivoire dont la production sera bientôt portée à 2 millions de tonnes.
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En déployant ses moyens de production dans le reste du pays, Cimaf remet en cause la stratégie adoptée jusqu'à présent par les acteurs du secteur du ciment ivoirien tous concentrés à Abidjan; ce qui constitue une contrainte pour accompagner les grands chantiers d’infrastructures lancés à l’intérieur du pays. «Il y a un vaste marché à capter dans l’arrière-pays où l’on appréciera de disposer immédiatement de nos commandes sans attendre des chargements venus d’Abidjan», commente Issa Sanogo, patron d’une PME de BTP.
Toutefois, il faut noter que le marché se trouve en situation de surcapacité. Selon les chiffres de l'association des producteurs de ciment, les capacités installées étaient en mars 2017 de 4,15 millions de tonnes contre une demande de 3,6 millions de tonnes. Une offre qui devrait encore augmenter avec de nouvelles implantations d'unités et des augmentations de capacités prévues dans le secteur.
Toutefois, les acteurs cimentiers ont une autre lecture. Avec une croissance annuelle moyenne du PIB de l'ordre de 8% projetée d’ici 2020, la Côte d'Ivoire, grâce aux multiples chantiers lancés ou en cours de lancement dans le cadre du Plan national de développement 2016-2020 peut absorber toute cette production, notamment avec la relance attendue du programme de logements sociaux.