Moyen de transport populaire à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, les wôrô-wôrô sont des taxis communaux et collectifs à prix forfaitaire qui desservent une ligne régulière. Chaque commune d'Abidjan possède ses taxis wôrô-wôrô, excepté le Plateau, quartier administratif.
Et chaque quartier affiche ses couleurs. A Adjamé, Attécoubé, Marcory et Koumassi, les wôrô-wôrô ont opté pour le vert. A Port-Bouet, ils sont jaunes avec le bas de caisse bleu, quand ils sont tout simplement jaunes à Cocody. Ceux d'Abobo sont beiges avec deux bandes marrons et enfin à Yopougon, c'est le bleu qui est de mise.
«J’emprunte souvent les wôrô-wôrô, surtout dans la commune de Yopougon. En général, c’est pour le prix. C’est vrai qu’il y a des tarifs, mais souvent on négocie. De 200 fcfa, ils peuvent nous prendre 100 fcfa pour une distance qui n’est pas longue et il y en a d'autres qui sont courtois», a affirmé Marcelle Yah Gondé, une étudiante.
Lire aussi : Côte d’Ivoire: le transport en commun, un calvaire entre wôrô wôrô et gbaka à Abidjan
«C’est moins cher, on peut te prendre à 100 fcfa. Or pour cette même destination le taxi compteur peut te prendre à 1.000 fcfa. Les wôrô-wôrô nous arrangent, donc on ne doit pas les supprimer», soutient Diane, une esthéticienne.
A Yopougon, on dénombre près de 6.500 taxis communaux wôrô-wôrô qui desservent plusieurs lignes dont les tarifs varient entre 100 fcfa et 500 fcfa. Jusqu'à quatre passagers sont autorisés dans un wôrô-wôrô. Souvent, le même taxi est partagé entre plusieurs chauffeurs et la recette journalière est estimée à 14.000 fcfa (21 euros). Un taxi wôrô-wôrô avec toutes les pièces du véhicule à jour peut coûter jusqu'à 5,3 millions de fcfa (environ 8.000 euros).
«Pour moi, je peux dire que ça va, parce qu’en 4 ans je suis propriété de deux véhicules. Mais pour les autres, ce n’est pas le cas donc j’implore l’Etat pour une réorganisation du secteur du transport pour que chacun puisse s’en sortir», déclare Bahi, un chauffeur de taxi wôrô-wôrô dans la commune de Yopougon.
Lire aussi : Vidéo. Guinée: des routes chaotiques en pleine réfection et des transporteurs qui reprennent espoir
L’absence et l’insuffisance de gares, les nombreuses tracasseries, la hausse et la multiplicité des taxes, les manquements au code de la route, la non régularisation des documents de plusieurs taxis, le mauvais état de certains véhicules, l'évolution dans l'informel et bien d'autres problèmes minent le secteur du transport en général et touchent particulièrement les wôrô-wôrô.
«Toujours ce sont les réformes à la télévision dans les écrans, mais voilà le terrain. On paie trop de taxes. Le péage, les cartes de stationnement, les vignettes, mais attendez, tout ça c’est quoi. Et il n’y a pas de gares, on souffre. Ils fabriquent des unités, se mettent sur la route et prennent les pièces de nos véhicules et on leur donne de l’argent, mais ça n’arrive pas dans la caisse de l’Etat . Voilà, on est fatigué», déclare Eric Diabaté, un membre du conseil national des conducteurs professionnels de Côte d’Ivoire.
L'appellation wôrô-wôrô pour désigner les taxis communaux remonte à 1940. Wôrô est un mot de la langue malinké, du nord de la Côte d’Ivoire, qui veut dire 6. La charge ordinaire était de 5 personnes, mais les taxis prenaient 6 personnes. D'où ce nom qui est resté dans le langage populaire.