Côte d’Ivoire. Crise postélectorale: dix ONG réclament justice à Ouattara

Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire.

Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire. . DR

Le 09/05/2018 à 14h21, mis à jour le 09/05/2018 à 14h26

Dans une lettre ouverte publiée mardi 8 mai, une dizaine d’organisations des droits de l’Homme pressent le président ivoirien d’honorer sa promesse d’une justice équitable. Sept ans après la crise postélectorale, une partie des victimes attend toujours que justice leur soit rendue.

Une justice impartiale et équitable pour tous. C’était la grande promesse du président ivoirien Alassane Ouattara au lendemain de la crise postélectorale. Mais sept ans après, les effets de cette déclaration se font attendre selon une dizaine d’organisations de la société civile et des droits de l’Homme, dont Human Rights Wtach.

«La justice sera la même pour tous. Il n’y a pas d’exception, il n’y a pas de discrimination, la loi est la même pour tous. Nous ferons ces procès», «tous les individus qui ont posé des actes répréhensibles, pendant la crise postélectorale, répondront de leurs actes devant la justice». Ces propos d’Alassane Ouattara sont rappelés par ces organisations dans leur lettre ouverte.

En sept ans, une Commission nationale d’enquête -elle a déjà remis son rapport au président ivoirien- et une cellule spéciale d’enquête et d’instruction (CSEI) chargée de poursuivre les responsables des crimes de guerre ont été mises sur pied. Mais seuls les militaires et les civils proches de l’ancien président Laurent Gbagbo ont fait l’objet de poursuite et de condamnation.

«En dépit de vos promesses antérieures de rendre justice en toute impartialité, les enquêtes et poursuites judiciaires sur les crimes attribués aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et aux différents éléments qui vous ont soutenu n’ont pas toujours bénéficié de la même diligence que celles relatives aux crimes imputés aux forces de sécurité, milices et mercenaires ayant soutenu le président Laurent Gbagbo», dénoncent ces organisations.

Et le fait qu’en janvier 2017, plusieurs hauts responsables de l’armée issus la rébellion aient été promus alors qu’ils sont «formellement mis en cause par la justice ivoirienne pour crimes contre l’humanité» est perçu comme «un signal négatif».

En plus ces organisations s’alarment des «rumeurs» d’un projet d’amnistie des auteurs de violation des droits de l’Homme durant la crise postélectorale. Une manœuvre dont l’objet serait de soustraire définitivement les proches du pouvoir de poursuites judiciaires, dénonce l’opposition.

Ces ONG viennent conforter dans cette lettre l’opposition ivoirienne qui a toujours déploré ce qu’elle qualifie de «justice des vainqueurs», en évoquant une impunité des crimes commis par les forces pro-Ouattara.

«Sept ans après les graves crimes commis en Côte d’Ivoire, les victimes ont besoin de justice», a déclaré Me Drissa Traoré, vice-président de la FIDH, la fédération internationale des droits de l’Homme. «A mi-parcours de son second mandat, le président Alassane Ouattara doit tenir ses engagements répétés d’une justice équitable, condition d’une paix durable en Côte d’Ivoire», a-t-il insisté.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 09/05/2018 à 14h21, mis à jour le 09/05/2018 à 14h26