Cameroun: les Etats-Unis appellent les candidats à la retenue

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Le 10/10/2018 à 17h10, mis à jour le 10/10/2018 à 17h12

Sur sa page Facebook, l’ambassade américaine demande aux candidats à l’élection présidentielle d’attendre la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel «avant de se prononcer sur le vainqueur présumé». Une réaction qui intervient au lendemain de la sortie de Kamto.

«Nous appelons toutes les parties à attendre l'annonce des résultats officiels avant de se prononcer sur le vainqueur présumé, et à régler pacifiquement leurs griefs par les voies légales», recommande l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun, dans un post publié sur sa page Facebook officielle. Cette réaction de la chancellerie américaine intervient au lendemain de la sortie du candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, qui s’est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 7 octobre dernier, avant même la proclamation des résultats officiels par le Conseil constitutionnel comme le prévoit la loi.

«Nous réaffirmons notre neutralité à l’égard des résultats et appuyons fermement le droit du peuple camerounais de choisir son chef par le biais du processus démocratique», précise l’ambassade américaine, qui félicite au passage tous les Camerounais qui ont voté dimanche dernier.

Lundi 8 octobre dernier, soit au lendemain de l’élection, Maurice Kamto a donné une conférence de presse à Yaoundé, la capitale, pour revendiquer sa victoire au scrutin présidentiel. «J’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré et je l’ai marqué», a déclaré l’ancien ministre délégué à la Justice, présenté comme le principal challenger de Paul Biya, au pouvoir depuis bientôt 36 ans et candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) qui brigue un septième mandat à la tête du pays. «J’ai reçu du peuple un mandat clair que j’entends défendre jusqu’au bout», a-t-il ajouté.

Cette sortie a soulevé une vague d’indignation au sein de la classe politique camerounaise, notamment du côté du parti au pouvoir où l’on juge que de «tels comportements relèvent de l'immaturité et de la fébrilité politique qui traduisent un mépris des règles du jeu démocratique et des institutions que ces auteurs ambitionnaient de défendre en se portant candidat à l'élection présidentiel».

«Quand bien même vous marquez un penalty, vous ne gagnez pas forcément le match à la fin», a déclaré le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, dans un entretien accordé à une agence de presse internationale. «Toute forme de remise en cause du verdict des urnes en dehors des voies légales ne sera pas toléré», prévient-il.

De son côté, le candidat du parti Univers, Cabral Libii, affirme qu’il ne se «laissera pas voler la victoire si celle-ci est établie par les chiffres». En rappel, la loi électorale interdit la publication de tendances après les élections. Seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer les résultats. Cette proclamation intervient dans un délai maximum de 15 jours après le scrutin, soit le 22 octobre 2018 au plus tard.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 10/10/2018 à 17h10, mis à jour le 10/10/2018 à 17h12