Le conte occupait, jusqu’à une période très récente une place importante dans la culture africaine. Toutefois, l’influence de la télévision, et plus tard des réseaux sociaux, sur le fonctionnement des sociétés modernes est de plus en plus évidente. L’élite nationale alerte sur l’urgence de préserver les contes en raison de son rôle de transmission de la tradition africaine et notamment gabonaise. Le débat a été relancé dans la foulée des activités liées à la célébration, le 22 février, de la Journée mondiale des langues maternelles.
«Le conte est pour une langue le vecteur de transmission d’un ensemble de valeurs. Dans nos sociétés quand on conte, on ne fait pas que raconter une histoire. On conte pour former, sensibiliser. On conte pour expliquer les mystères, pour partager les comportements ou former les guerriers...», explique, Jallymet Ekomy, enseignant-chercheur à l’École normale supérieure de Libreville.
C’est souvent à la tombée de la nuit que les sages du village racontent les contes. Quelle est la raison de ce choix? Pas de réponses précises à cette interrogation mais, selon la tradition africaine, la nuit est propice à la créativité et à l’imagination.
Lire aussi : Le conte pour mieux éduquer à la culture guinéenne
L’objectif du conte, c’est aussi favoriser l’esprit critique des jeunes. «Le conte traditionnel véhicule l’image de la société qui le produit. C’est à dire qu’à travers un conte traditionnel on peut être renseigné sur le mode de vie, son système de valeurs et sa vision du monde», détaille, le conteur gabonais, Michel Pecoinh, avant d’ajouter qu’«au delà de sa mission pédagogique, le conte traditionnel véhicule la civilisation authentique et permet d’aller la rencontre de l’autre».
Il reste donc convaincu de la place primordiale du conte comme symbole des identités culturelles, en dépit des mutations des sociétés sur le continent africain.
Mais pour les plus nostalgiques de l’histoire des contes gabonais, bien qu’il soit une richesse culturelle incontestable à pérenniser, il semble disparaître ces derniers temps, surtout dans les zones urbaines où tous les parents semblent trop occupés et les jeunes trop friands de cultures modernes.
Lire aussi : Gabon: le club Littérature verte dépeint l’Afrique aux couleurs des contes
Les réseaux sociaux, les ciné-clubs, les bars dancing et les boîtes de nuit occupent de plus en plus les jeunes et les éloignent de leurs cultures. «Quand nous étions petits, nos soirées étaient toujours agrémentées de contes. On se réunissait autour de notre père qui nous animait avec des contes intéressants», se souvient Hélène, la quarantaine révolue, avant de regretter que cela soit devenue une chose rare aujourd’hui.