Malgré une collecte de redevances s’élevant à 32,85 millions de FCFA en 2024, les mécanismes de redistribution restent flous. L’Association des Artistes Gabonais (Assaga) critique l’absence de transparence sur l’utilisation de ces fonds, alimentant des suspicions de détournement.
Comme le souligne un rapport du syndicat national de la culture et des arts (Synaca), des irrégularités remontent aux exercices 2018-2019, où le non-paiement des droits avait déjà été pointé du doigt.
Face à ce manque de visibilité, les artistes s’interrogent: comment un organisme censé les protéger peut-il fonctionner sans cadre de gouvernance légitime?
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Le Bureau gabonais des droits d’auteur et des droits voisins prône un paiement conventionnel pour les droits d’auteur, une méthode jugée inconcevable par les artistes.
Moryl Placide, acteur culturel, fustige cette approche. «Ce sont justement les outils permettant de payer de manière conventionnelle qui font défaut, il est alors inconcevable pour les artistes d’accepter cette démarche». Les créateurs réclament une redistribution équitable et transparente, basée sur l’impact réel de leurs œuvres, plutôt qu’un système forfaitaire arbitraire.
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De plus, les paiements sont irréguliers. Le dernier versement remonte à avril 2025 et couvrait uniquement l’échéance 2024. Une situation intenable pour des artistes qui dépendent de ces revenus pour survivre.
Le Bureau gabonais des droits d’auteur et des droits voisins fonctionne sans conseil d’administration depuis une décennie, une violation flagrante de ses textes fondateurs. L’Assaga exige la tenue de conseils deux fois par an, comme le prévoient les statuts de l’institution. Bien qu’une session extraordinaire se soit tenue en décembre 2024, aucun changement concret n’a été observé.
Jean Marie, président de l’Assaga, accuse. «Ce sont les responsables du Bureau gabonais des droits d’auteur et des droits voisins qui font tout pour que ça ne marche pas. Ils bloquent la machine pour détourner cet argent».
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Hors micro, un haut cadre du Bureau gabonais des droits d’auteur et des droits voisins reconnaît l’existence d’un «déficit d’information et de formation sur les enjeux de la propriété intellectuelle». Ce manque de communication aggrave les tensions, car les artistes peinent à comprendre les critères de répartition des droits et les mécanismes de perception des redevances.
La crise au Bureau gabonais des droits d’auteur et des droits voisins est le symptôme d’une gestion défaillante qui mine la confiance des artistes gabonais. Alors que le gouvernement affiche sa volonté de soutenir la culture, l’opacité persistante et les retards de paiement risquent d’étouffer la créativité nationale. L’Assaga, portée par la voix déterminée de ses membres, exige des actes concrets pour que le Bureau gabonais des droits d’auteur et des droits voisins redevienne enfin le gardien des droits des artistes et non leur bourreau.