Dans un studio de Conakry, Macky Diallo, connu sous le nom d’artiste Rigel Ghandi, observe et réajuste la prestation d’un artiste guinéen. À peine revenu d’un festival à Laval, en France, il prépare une prochaine sortie. Le comédien, figure montante de la nouvelle scène guinéenne, incarne cette génération d’ambassadeurs de la culture guinéenne qui portent la Guinée au-delà de ses frontières.
Pour Macky Diallo, c’est l’évidence même «qu’ils soient musiciens, danseurs, artistes de cirque, athlètes, acrobates... ils font des tournées internationales comme en Amérique, aux États-Unis, en France... je dirai que nous sommes dans une période de renaissance. C’est toujours un plus, les rencontres, les réseaux, l’expérience humaine et artistique que tu vis pendant les déplacements. Ces sorties sont le résultat d’un long processus, du travail, du personal branding, de tout ce qu’on met en place depuis un moment. Les promoteurs repèrent les gens qui partagent leurs valeurs et leurs messages».
Pendant ce temps, à l’aéroport international de Conakry deux artistes célèbres Ibrahima Diallo et Mamadou Lamine Diallo alias Thug s’apprêtent à embarquer pour Brazzaville, au Congo, où ils participent à un festival d’humour. Pour eux, ces voyages sont devenus presque des routines.
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Ibrahima Diallo confie «le voyage ne se limite pas seulement à la Côte d’Ivoire ou au Congo-Brazzaville. Après cela, il y a des compétitions, des affaires. J’ai été invité au Gabon, au Burkina, et pourquoi pas bientôt au Sénégal? Il y a Bassam Comedy Club aussi… Je pense que c’est un atout. Porter le flambeau rouge-jaune-vert en tant qu’humoriste, ça ne me grandit pas seulement, ça grandit toute une nation».
Mamadou Thug, artiste et membre du conseil national de la transition confie «ça fait un énorme plaisir d’accompagner et d’aider plusieurs artistes, surtout des humoristes. Le département de la Culture, à travers le Fonds de Développement des Arts et de la Culture, soutient beaucoup la diffusion artistique , humour, conte, musique, théâtre. C’est à féliciter. Et en tant que législateur, nous travaillons pour qu’une loi rende ce soutien plus concret et plus visible».
Cette effervescence rappelle aux anciens le souvenir du Bembeya Jazz National, qui, dans les années 1960-1970, portait fièrement la culture guinéenne à travers le monde.
Aujourd’hui, la relève est là, portée par des artistes indépendants, des législateurs et des initiatives qui renouent avec cette ambition d’exporter le talent local. Mais tout n’est pas simple. Derrière cette ouverture internationale, se cachent encore des défis administratifs et logistiques.
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Rigel Ghandi, artiste comédien confie. «Le premier défi, est administratif. Beaucoup d’artistes sont confrontés à des refus de visa. C’est vrai aussi qu’il faut qu’on fasse preuve de sérieux. On a eu des cas d’artistes qui voyagent et ne reviennent pas, ce qui rend les ambassades méfiantes. Si malgré tout, certaines autorités culturelles arrivent à accorder des visas, il faut qu’on honore le pays en respectant les délais».
Des tournées internationales à la discipline personnelle, la renaissance culturelle guinéenne construit avec passion et responsabilité.
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Après l’épopée du Bembeya Jazz National, une nouvelle génération prend le relais, celle qui veut conquérir le monde, mais sans jamais oublier d’où elle vient.