La faiblesse des salaires des fonctionnaires algériens ne cesse de susciter des critiques. Après les syndicats, c’est au niveau de l’Assemblée populaire nationale (Parlement) qu’un député s’est chargé de dénoncer cette situation. L’élu, profité de la tribune qui lui était offerte, a tiré à boulets rouges sur le niveau très bas des salaires que perçoivent les agents de la fonction publique ainsi que les inégalités sociales criantes, dans une intervention tonique.
Avec des salaires compris entre 29.000 et 30.000 dinars algériens (environ 210 dollars) pour de nombreux fonctionnaires et un salaire moyen qui tourne autour de 35.420 dinars algériens, il est impossible pour les pères et mères de familles de joindre les deux bouts dans un contexte de flambée généralisée des prix des denrées alimentaires. Une situation qui a été déplorée par de nombreux syndicats des fonctionnaires, sans que les autorités algériennes n’arrivent à apporter des réponses acceptables.
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Selon le même député, au-delà de la faiblesse des salaires, il y a aussi les «injustices» salariales qui touchent les différents agents de la fonction publique. Si nombre d’entre eux, dont des diplômés, touchent entre 29.000 et 30.000 dinars algériens, le député explique qu’«un médecin généraliste, qui a passé des années et des années à étudier, commence sa carrière avec un salaire de 70.000 dinars algériens, alors qu’une personne qui s’est fait renvoyer de l’école, et qui a à peine le niveau de terminale ou de deuxième année secondaire, peut gagner jusqu’à 90.000 dinars algériens en tant qu’agent de sécurité dans une banque».
Et pour illustrer davantage cette injustice sociale, le député s’est permis une confidence: «Je connais une personne qui travaille en tant que chauffeur à Sonatrach et qui touche 230.000 dinars algériens.»
Partant, l’élu a avancé que le salaire des fonctionnaires algériens est si bas qu’il est permis d’accorder la zakat à cette catégorie de travailleurs, affirmant d’ailleurs qu’«il y a eu une fatwa récemment. Les savants ont indiqué qu’il est tout à fait permis de verser la zakat aux fonctionnaires.» Autrement dit, selon cette fatwa, le niveau du salaire de certains fonctionnaires algériens est si bas que ceux-ci peuvent être considérés comme étant des pauvres, ce qui leur ouvre la possibilité de bénéficier de l’aumône obligatoire versée annuellement en vertu des règles de solidarité de l’islam.
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Sur les réseaux sociaux, la sortie du député divise les Algériens, même si nombre d’entre eux reconnaissent ces inégalités sociales au niveau des salaires. En effet, malgré la manne pétrolière, les salaires des Algériens sont considérés parmi les plus faibles dans le monde arabe. Une réalité qui a été confirmée par une étude de CEOWorld de 2022. D’après celle-ci, le salaire moyen net en Algérie ressort à 249,7 dollars/mois, soit 35.420 dinars algériens par mois (taux de change d’août 2022), occupant le 98e rang mondial sur les 105 pays de l’étude, contre 277,44 dollars pour la Tunisie et 385,53 dollars/mois pour le Maroc.
Seulement, avec la manne pétrolière de cette année, cette situation est moins tolérée par les Algériens, qui attendent beaucoup des promesses faites par le président Abdelmadjid Tebboune pour 2023.