Incidents cyber (36%), interruptions d’activités (31%), catastrophes naturelles (26%), évolutions législatives et réglementaires (19%), évolutions macro-économiques (19%). Tels sont les principaux risques commerciaux et préoccupations identifiés par les entreprises à travers le monde, dans le Baromètre des risques Allianz 2024, étude à laquelle ont participé plus de 3.069 experts en gestion des risques, originaires de 92 pays et territoires et exerçant dans 24 secteurs d’activités.
En ce qui concerne l’Afrique, il est intéressant de savoir comment ces risques se manifestent spécifiquement. Quels sont les principaux risques auxquels les entreprises sont confrontées en Afrique selon le Baromètre des risques Allianz 2024? Quelles sont les évolutions législatives et réglementaires spécifiques en Afrique qui préoccupent les entreprises? Comment les évolutions macro-économiques en Afrique se comparent-elles à celles des autres régions du monde en termes de risques commerciaux? Autant de questions qui permettent d’explorer les risques commerciaux spécifiques à l’Afrique et de comprendre comment les entreprises du continent sont confrontées à ces défis particuliers.
Focus sur le Nigeria et l’Afrique du Sud
L’étude offre un aperçu précieux des préoccupations actuelles du monde des affaires sur plusieurs pays dont le Nigéria et l’Afrique du Sud, pour ce qui est du continent africain. Les résultats soulignent les risques émergents et persistants qui influencent les décisions stratégiques des entreprises dans un contexte économique mondial en constante évolution. Ces résultats soulignent l’importance des changements législatifs et réglementaires dans les deux pays étudiés.
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Au Nigeria, le premier risque majeur identifié est lié aux changements dans la législation. Comparé à 2023, ce risque est considéré comme plus élevé cette année. Les réponses des experts soulignent que les développements législatifs et réglementaires ont un impact plus important que les facteurs macroéconomiques. De même, le risque cyber est également jugé plus élevé qu’en 2023, mais il est classé après les modifications législatives et réglementaires en termes d’importance. L’évolution macroéconomique, quant à elle, reste stable par rapport à l’année précédente. Cependant, les réponses indiquent que l’évolution de la législation et de la réglementation est un facteur plus préoccupant que l’évolution macroéconomique.
En Afrique du Sud, le principal risque identifié concerne les pannes d’électricité dans les infrastructures critiques. Ce risque n’a pas connu de changement par rapport à l’année précédente. Les experts considèrent que les modifications législatives et réglementaires ont un impact plus important que les facteurs macroéconomiques. Le risque cyber reste également stable par rapport à 2023, mais il est considéré comme moins préoccupant que les incendies et les explosions en termes de nombre de réponses. L’interruption d’activité maintient sa position par rapport à l’année précédente et représente une préoccupation majeure pour les entreprises.
Gestion proactive des risques
Les entreprises doivent être attentives à l’évolution du cadre juridique et réglementaire pour s’adapter aux nouvelles exigences et minimiser les risques. De plus, les risques liés à la cybersécurité continuent de préoccuper les entreprises, nécessitant des mesures de protection renforcées pour faire face aux menaces émergentes. Cependant, il est essentiel de comprendre que ces défis économiques ne sont pas inhérents aux seuls pays mentionnés. Ils peuvent également avoir des répercussions sur d’autres régions du continent africain et au-delà.
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Par conséquent, il est impératif que les entreprises adoptent une approche proactive en matière de gestion des risques, en investissant dans la sécurité informatique, en surveillant les évolutions législatives et réglementaires, et en mettant en place des plans de continuité d’activité pour faire face aux interruptions potentielles. Cela dit, les entreprises doivent rester vigilantes et mettre en place des stratégies de gestion des risques solides pour prospérer dans un environnement économique complexe et en constante évolution.
Les craintes liées au cyberespace s’amplifient
Les cyberincidents constituent le premier risque mondial dans le Baromètre des risques d’Allianz, et ce pour la première fois, avec une nette avance (36 % des réponses, soit 5 points de pourcentage). Il se classe comme le risque le plus préoccupant dans les régions Amériques, Afrique et Moyen-Orient, Asie-Pacifique et Europe, et dans toutes les tailles d’entreprises, grandes (> 500 millions de dollars US de chiffre d’affaires annuel), moyennes (100 millions de dollars US et plus à 500 millions de dollars US) et petites (< 100 millions de dollars US), et ce pour la première fois également.
La cybernétique est la cause d’interruption d’activité la plus redoutée par les entreprises, tandis que la résilience en matière de cybersécurité est leur préoccupation environnementale la plus importante. La résilience en matière de cybersécurité est le problème de risque environnemental, social et de gouvernance (ESG) qui les préoccupe le plus. C’est également la préoccupation majeure des entreprises dans un large éventail de secteurs dont les biens de consommation, les services financiers, les services publics, les soins de santé, les loisirs et le tourisme, les médias, les services professionnels, la technologie et les télécommunications.
Interruption d’activité
Les entreprises sont convaincues que le pire des deux perturbateurs clés de ces derniers temps, la pandémie et la crise de l’énergie, est derrière elles. Cependant, l’interruption d’activité reste une préoccupation majeure, car les entreprises doivent renforcer leur résilience et diversifier leurs chaînes d’approvisionnement dans un monde en mutation rapide.
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L’interruption d’activité arrive en deuxième position dans le baromètre des risques d’Allianz, derrière le péril cybernétique qui, lui, est étroitement lié. Elle figure parmi les trois principaux risques pour les entreprises de toutes tailles et constitue la deuxième préoccupation dans la région Afrique, à l’instar des Amériques, Europe, Asie-Pacifique, et Moyen-Orient.
Catastrophes naturelles
Le risque de catastrophe naturelle affiche une hausse de 26% par rapport à l’année précédente. Parmi les neuf pays affichant le risque le plus élevé figure un seul pays africain, le Maroc, aux côtés de trois pays d’Asie (Malaisie, Hong Kong, Thaïland), quatre pays situés en Europe (Croatie, Hongrie, Grèce, Slovénie), et un pays d’Amérique du Sud (le Mexique). A cela s’ajoutent les inondations catastrophiques qui ont été enregistrées dans de nombreuses régions y compris en Afrique, notamment en Libye, dans les Grands Lacs d’Afrique de l’Est.
Après avoir reculé dans le classement, les catastrophes naturelles sont redevenues prioritaires après une année marquée par des événements qui ont fait la une de l’actualité, dont beaucoup ont coûté la vie à de nombreuses personnes et entraîné des pertes d’assurance record. Ainsi, les tremblements de terre dévastateurs, des inondations catastrophiques, des incendies de forêt d’une ampleur record et des tempêtes convectives violentes ont fait grimper les catastrophes naturelles de trois places sur le radar des risques pour 2024. Selon une analyse de Swiss Re, les pertes économiques totales dues aux catastrophes naturelles en 2023 sont estimées à 260 milliards de dollars.
Risques politiques et violence
Le monde a été secoué par de nouveaux conflits internationaux, coups d’État et troubles civils en 2023, et selon le Baromètre des risques Allianz les défis se poursuivront en 2024. En 2023, le risque politique a atteint son niveau le plus élevé depuis cinq ans, une centaine de pays étant considérés comme exposés à un risque élevé ou extrême de troubles civils. «D’autres troubles sont attendus en 2024, car la morosité économique se poursuit, en particulier dans les pays en crise d’endettement», annonce le Baromètre. En Afrique, pas moins de onze élections sont attendues en 2024 et, pour les rapporteurs, «un si grand nombre d’élections suscite des inquiétudes quant à l’aggravation de la polarisation, susceptible d’accroître les troubles civils».