Cameroun. Agriculture: la transformation locale trace ses premiers sillons

Des équipements fabriqués localement pour transformer les céréales.

Le 25/01/2025 à 14h09

Producteur d’ananas, de cacao, de café et de différentes cultures vivrières qui en font le grenier de l’Afrique centrale, le Cameroun peine pourtant à transformer ses produits de la terre généralement commercialisés à l’état frais. Un effort de transformation locale en est à ses débuts, illustré par des entreprises basées à Yaoundé et à Douala et qui opèrent dans la fabrication d’outils pour la transformation des produits agricoles, notamment les céréales.

Le mot est d’Alain Fonin, fondateur d’Agribusiness Investment Management spécialisé dans l’agrobusiness: «On produit encore trop peu sur place et, lorsque c’est le cas, on utilise souvent de la matière première importée… Autrement dit, il y a un boulevard pour développer la transformation locale de produits agricoles au Cameroun.» Le spécialiste installé à Douala souligne le faible taux de transformation locale des produits agricoles dans une pays où l’agriculture contribue à environ 21% de son produit intérieur brut (PIB).

Pour faire émerger l’agriculture, le gouvernement a lancé la Stratégie de développement du secteur rural 2020-2030 en s’appuyant les filières qui soutiendront le développement de l’agro-industrie: riz, maïs, huile, lait et poisson.

Jusqu’à présent, l’un des obstacles majeurs à ces transformations est l’absence d’équipements fabriqués localement. Une situation aujourd’hui en passe d’être dépassée au niveau de la transformation de certains produits agricoles, notamment les céréales.

Ainsi, la majorité des moulins vendus dans la ville de Yaoundé sont conçus par l’entreprise Talles dirigée par un ingénieur agroindustriel formé au pays. Il s’agit de moulins servant à écraser et à décortiquer les produits agricoles comme les arachides, le maïs et d’autres céréales.

C’est la même entreprise qui fabrique différents pressoirs qui permettent d’extraire plusieurs huiles végétales ainsi que des séchoirs écologiques qui facilitent la conservation de plusieurs produits alimentaires issus de l’agriculture, des forêts, de la faune et même des produits halieutiques.

Le technicien en agro-industrie et chef d’équipe, Jean Claude Fouda, explique le processus de fabrication d’un écologique. «C’est un four écologique qui brûle exactement comme avec du méthane. Il est facile à utiliser mais nous le fabriquons sur commande parce que cette technologie n’est pas encore répandue au Cameroun. Les boulangeries sont nos premiers clients», a-t-il déclaré.

L’entreprise de l’ingénieur Talle n’est pas la seule qui excelle dans ce domaine. Bon nombre sont connues à travers le pays notamment dans les villes de Yaoundé, Douala et Bafoussam. Presque tous les promoteurs attendent des subventions de l’Etat et surtout l’assouplissement des mesures douanières pour que leurs entreprises bénéficient des exonérations devant faciliter leurs installations et fonctionnements dans le pays.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 25/01/2025 à 14h09