Classement de Shanghai 2024: les 20 universités africaines parmi les 1000 meilleures du monde

Le 20/08/2024 à 08h22

Les résultats du classement 2024 de Shanghai sont de nature à nourrir l’optimisme quant aux capacités du continent à former une nouvelle génération d’établissements d’excellence, sous réserve d’efforts soutenus dans la durée. La voie est tracée, aux gouvernants et responsables universitaires de relever le défi.

Les efforts déployés par plusieurs pays africains pour améliorer leurs systèmes éducatifs et investir dans la recherche académique portent des fruits, perceptibles à travers la percée des universités africaines dans le prestigieux Academic Ranking of World Universities 2024, plus connu sous le nom de classement de Shanghai. Ce qui en soit est une source de fierté pour le continent et un signe encourageant de son émergence en tant que pôle d’excellence académique mondial.

Publié par le cabinet indépendant Shanghai Ranking Consultancy, ce classement dresse la liste des 1.000 meilleurs établissements d’enseignement supérieur au monde pour l’année 2024. Établi depuis 2003, l’Academic Ranking of World Universities jouit d’une grande renommée dans le milieu de l’enseignement supérieur. Il se base sur «six indicateurs clés académiques et de recherche: le nombre de prix Nobel obtenus, le nombre de chercheurs les plus cités, le nombre d’articles publiés indexés ou cités, ainsi que les performances académiques par étudiant».

C’est dire que la montée remarquable des universités du continent témoigne des progrès significatifs réalisés par l’Afrique dans la quête d’excellence académique. En effet, pour la première fois, 20 universités africaines se trouvent parmi les meilleures du monde, contre seulement 5 il y a dix ans. La performance mériter d’être soulignée.

L’Afrique du Sud et l’Égypte, les deux nations phares

L’Afrique du Sud et l’Égypte dominent largement la liste africaine avec 8 établissements chacune, dont respectivement 4 et 1 figurant dans le Top 500 mondial. Cependant, aucune université africaine ne figure dans le Top 100 du classement de Shanghai 2024.

Une absence dans le peloton de tête mondial qui met en lumière les efforts supplémentaires à fournir par les institutions africaines pour atteindre un niveau d’excellence comparable aux fleurons universitaires américains et britanniques.

Les universités d’Afrique du Sud listées sont l’Université de Cape Town (classée 201e mondiale avec un score de 16,4 et 1ère en Afrique), l’Université de Witwatersrand (2ème en Afrique), l’Université de Stellenbosch (4e africaine), l’Université de Johannesburg (5e), l’Université du KwaZulu-Natal (6e), l’Université de Pretoria (7e), la North-West University (NWU) (8e) et l’University Of South Africa (UNISA) (16e).

Du côté égyptien, on retrouve l’Université du Caire (3e africaine avec un score de 17,2), l’Université d’Ain Shams (9e), l’Université d’Alexandrie (10e), l’Université de Mansoura (11e), l’Université Al-Azhar (12e), l’Université de Zagazig (13e), l’Université du Canal de Suez (14e) et l’Université de Tanta (15e).

À l’échelle mondiale, le classement 2024 place Harvard University (États-Unis) en tête avec le score de 100, suivie par Stanford University (États-Unis) en deuxième position, le MIT (États-Unis) en troisième, l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) en quatrième, et l’Université de Californie à Berkeley (États-Unis) en cinquième.

Les autres pays africains à la traîne

Au-delà du duo de tête sud-africain et égyptien, d’autres pays africains ont réussi à se faire une place dans le classement 2024: l’Éthiopie avec l’Université d’Addis Abeba (17e en Afrique), le Ghana et l’University of Ghana basée au Accra (18e), le Maroc et l’Université Hassan II de Casablanca (19e et première université marocaine dans le classement), ainsi que la Tunisie grâce à l’Université de Tunis El Manar (classée 901e mondiale et 20e en Afrique).

Cette diversification géographique des universités africaines dans ce classement est un signe encourageant, même si leur nombre reste encore limité avec une seule représentation par pays. Les prochaines années seront cruciales pour voir si cette tendance s’accélère et si d’autres pays du continent parviennent à placer leurs institutions académiques dans le classement de Shanghai.

Poursuivre les efforts

Malgré ces avancées notables, les universités africaines doivent encore relever de nombreux défis pour rivaliser avec les meilleures institutions mondiales. Parmi les principaux enjeux : l’accès aux ressources financières, le renforcement des collaborations internationales et l’augmentation des financements dédiés à la recherche académique de pointe.

L’objectif pour les années à venir sera de poursuivre les efforts afin que davantage d’universités puissent prétendre à une place de choix dans ce classement mondialement reconnu. Cela passe par des investissements stratégiques, le développement de centres d’excellence mais aussi la formation de nouvelles générations de chercheurs et d’universitaires de haut niveau.

Comparaison avec d’autres régions émergentes

L’essor africain dans le classement de Shanghai, aussi significatif soit-il, reste en deçà des progrès réalisés par d’autres régions émergentes au cours de la dernière décennie. En Asie, la Chine est ainsi passée de 44 à 225 universités classées entre 2014 et 2024, tandis que la Corée du Sud a vu ses représentants grimper de 10 à 29 sur la même période.

Ce contraste s’explique notamment par des politiques volontaristes de développement de l’enseignement supérieur, des budgets conséquents alloués à la recherche universitaire et à l’innovation, ainsi qu’une stratégie d’internationalisation accrue des campus asiatiques pour attirer les meilleurs talents académiques.

Les universités africaines et d’autres régions comme l’Amérique latine font face à des défis communs en termes de financement, de ressources humaines qualifiées et de reconnaissance internationale. Cependant, la durabilité des progrès réalisés dépendra aussi d’éléments spécifiques à chaque contexte national : stabilité politique, cadre réglementaire adéquat, ouverture à la collaboration internationale, etc.

Un classement incontournable mais à nuancer

Comme indiqué plus haut, le classement de Shanghai se base sur six indicateurs clés académiques et de recherche : le nombre de prix Nobel obtenus, le nombre de chercheurs les plus cités, le nombre d’articles publiés indexés ou cités, ainsi que les performances académiques par étudiant.

Si cette méthodologie quantitative offre un éclairage intéressant, elle comporte certaines limites, comme le soulignent ses détracteurs. En effet, elle a tendance à «survaloriser les sciences dures au détriment des sciences sociales et humaines» et ne couvre pas certains champs académiques tels que la philosophie et la linguistique.

Pour les universités africaines, ce classement reste donc un outil précieux mais qui doit être nuancé et complété par d’autres classements axés sur des critères différents (Times Higher Education, QS World University Rankings, CWTS Leiden Ranking, U-Multirank, etc.). L’essentiel est de poursuivre la dynamique positive engagée afin d’accroître la visibilité et l’attractivité des campus africains sur la scène académique mondiale.

Les 20 universités africaines dans le classement de Shanghai 2024

UniversitéPaysRang en Afrique
University of Cape Town (UCT)Afrique du Sud1er
Université de WitwatersrandAfrique du Sud2ème
Université du CaireEgypte3ème
Université de StellenboschAfrique du Sud4ème
Université de JohannesburgAfrique du Sud5ème
Université du KwaZulu-NatalAfrique du Sud6ème
Université de PretoriaAfrique du Sud7ème
North-West University (NWU)Afrique du Sud8ème
Université d’Ain ShamsEgypte9ème
Université d’AlexandrieEgypte10ème
Université de MansouraEgypte11ème
Université Al-AzharEgypte12ème
Université de ZagazigEgypte13ème
Suez Canal UniversityEgypte14ème
Université de TantaEgypte15ème
University Of South Africa (UNISA)Afrique du Sud16ème
Université d’Addis AbebaEthiopie17ème
University of GhanaGhana18ème
Université Hassan II de CasablancaMaroc19ème
Université de Tunis El ManarTunisie20ème


Par Modeste Kouamé
Le 20/08/2024 à 08h22