Une fois de plus, La Niña semble décidée à s’acharner sur des populations africaines déjà très vulnérables. Avec les prévisions de retour de ce phénomène climatique, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage pour prévenir les catastrophes dans plusieurs pays d’Afrique. De quoi appuyer l’observation d’un récent rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM): «L’Afrique supporte un fardeau de plus en plus lourd du fait du changement climatique et des coûts disproportionnés pour une adaptation climatique essentielle».
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Selon les récentes prévisions de mi-septembre 2024 de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il y a 60 % de chance que des conditions La Niña apparaissent vers la fin de cette année. Le phénomène La Niña, caractérisé par un refroidissement des eaux de surface dans le Pacifique équatorial, engendre généralement des précipitations supérieures à la normale dans certaines zones et des conditions plus sèches dans d’autres, à l’inverse d’El Niño. Comme l’explique Celeste Saulo, Secrétaire générale de l’OMM, «La Niña a un impact de refroidissement relatif à court terme sur le climat mondial et produit des impacts climatiques opposés à ceux d’El Niño, en particulier dans les régions tropicales.»
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Selon les prévisions probabilistes de l’OMM pour la saison septembre-novembre 2024, plusieurs régions du monde devraient connaître des précipitations supérieures à la normale avec l’arrivée de La Niña. Parmi celles-ci figurent l’extrême nord de l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale, les Caraïbes, le nord de la Corne de l’Afrique, le Sahel et certaines parties de l’Asie du Sud-Est.
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En Afrique, les zones les plus concernées par ces excédents pluviométriques seraient le Nord de la Corne de l’Afrique, englobant des pays comme l’Érythrée, Djibouti, l’Éthiopie et la Somalie, ainsi que le Sahel, couvrant des pays telles que le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. «Les prévisions concernant les régimes de précipitations à grande échelle correspondent en partie aux impacts typiques observés au début des conditions de La Niña» souligne le communiqué de l’OMM.
Les craintes liées à l’arrivée de La Niña en Afrique ne sont malheureusement pas infondées. Certains pays du continent sont déjà durement frappés par des précipitations excessives et leurs conséquences désastreuses, comme en témoigne la situation au Mali. Dans ce pays sahélien figurant parmi ceux menacés par les excédents pluviométriques annoncés, les inondations survenues avant même l’installation de La Niña ont été d’une telle ampleur que le gouvernement a dû reporter la rentrée scolaire nationale, initialement prévue début octobre, au 4 novembre 2024. Cette décision illustre l’état d’urgence dans lequel se trouveront plusieurs de pays cités plus haut, déjà vulnérables aux aléas climatiques et qui risquent d’être durement éprouvées par le nouveau phénomène La Niña à venir.
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Face à cette perspective, une mobilisation renforcée des gouvernements, des agences humanitaires et des bailleurs de fonds sera indispensable pour soutenir les efforts de prévention, de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles induites par La Niña. Il faut dire que ces régions ont déjà connu dans un passé proche les effets d’épisodes La Niña, qui se sont souvent traduits par des pluies abondantes, parfois torrentielles, entraînant des inondations, des glissements de terrain et des dégâts agricoles considérables. Lors de la dernière période La Niña de 2020 à début 2023, certaines zones du Sahel et de la Corne de l’Afrique ont subi des précipitations excédentaires de plus de 20% par rapport aux normales saisonnières, provoquant des inondations dévastatrices et des pertes de récoltes.
Selon les prévisions actuelles, l’épisode La Niña devrait se manifester dans ces régions africaines à partir d’octobre 2024, avec un pic d’intensité prévu entre décembre 2024 et février 2025. «Il est crucial que ces zones se préparent dès à présent à faire face à un excédent de précipitations et à ses conséquences potentiellement désastreuses» alerte la Secrétaire générale de l’OMM.
Au-delà de la Corne de l’Afrique et du Sahel
Au-delà de la Corne de l’Afrique et du Sahel, d’autres régions du continent maritime pourraient également être touchées par des pluies supérieures aux normales saisonnières, comme certaines parties de l’Asie du Sud-Est.
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Malheureusement, de nombreuses zones concernées ne sont pas suffisamment préparées pour faire face à de tels excédents pluviométriques. Les infrastructures de drainage, de protection contre les inondations et les glissements de terrain sont souvent inadaptées ou obsolètes. Les systèmes d’alerte précoce et de gestion des catastrophes demeurent défaillants dans plusieurs pays.
Des mesures de prévention et d’adaptation sont donc indispensables, notamment le renforcement des digues et des systèmes de drainage, la mise en place de plans d’urgence et d’évacuation, le développement de l’agriculture résiliente au climat, ainsi que la sensibilisation des populations aux risques liés aux inondations et aux glissements de terrain.
Risques d’aggravation des vulnérabilités
Le phénomène La Niña risque d’aggraver les vulnérabilités existantes dans des zones déjà fragilisées par l’insécurité alimentaire, les conflits, la pauvreté et les effets du changement climatique. «Les prévisions saisonnières d’El Niño et de La Niña et leurs impacts sur les schémas climatiques à l’échelle mondiale sont un outil important pour éclairer les alertes précoces et les mesures à prendre en amont» rappelle Celeste Saulo.
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Les services météorologiques nationaux auront un rôle crucial à jouer pour surveiller l’évolution des conditions météorologiques, diffuser des alertes à temps et coordonner les interventions d’urgence. Cependant, de nombreux pays manquent de ressources et de moyens adéquats pour assurer cette mission.
C’est pourquoi l’OMM, à travers ses centres climatologiques régionaux et son soutien technique, jouera un rôle clé pour épauler les efforts d’adaptation au niveau local et régional. «L’initiative Alertes précoces pour tous reste la priorité absolue de l’OMM» insiste la Secrétaire générale de l’OMM.