Plus de 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. C’est presque un Africain sur deux qui ne bénéficie pas de cette source d’énergie. C’est essentiellement le cas en Afrique subsaharienne. Dans les pays d’Afrique du nord, le taux d’électrification est presque de 100%.
Face à cette situation qui plombe le développement économique et social du continent, plusieurs pays et institutions, dont la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, mettent l’accent sur l’accès à l’électricité.
Si la construction de barrages hydroélectriques, de grands parcs éoliens et solaires et de centrales thermiques est lancée dans de nombreux pays africains dans le but d’accroitre les capacités de production, du fait que les réseaux de distribution d’électricité sont souvent défaillants et difficile à sécuriser et à entretenir, l’intérêt est porté sur la mise en place de mini-réseaux électriques.
Selon le Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique, un programme lancé par la Banque mondiale visant à soutenir les pays à revenu faible et intermédiaire à réduire la pauvreté en promouvant des solutions énergétiques durables, ces mini-réseaux ont le potentiel de fournir de l’électricité à 380 millions d’Africains d’ici 2030. En clair, en investissant massivement sur ces mini-réseaux, le déficit d’électrification de l’Afrique peut être réduit de moitié.
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En Afrique subsaharienne, plus de 3.100 mini-réseaux ont déjà été installés, à fin 2021. Il s’agit globalement d’unités dont les capacités varient entre 30 et 70 kilowatts. Globalement, ces petites structures coûtent en moyenne entre 200.000 et 300.000 dollars. La rentabilité de ces projets est assurée par les paiements des consommateurs (ménages, petits producteurs…) qui y sont raccordés.
Toutefois, pour atteindre l’objectif de 380 millions de personnes électrifiées grâce aux mini-réseaux, il faudra en déployer 160.000. Et pour cela, l’investissement est colossal. Il faudrait 91 milliards de dollars.
Quoi qu’il en soit, c’est sur ces mini-réseaux que de nombreux pays comptent pour arriver à la généralisation de l’électrification. Le Nigeria, l’Ethiopie et la République Démocratique du Congo sont les pays qui ont les potentiels les plus importants en termes de marché des mini-réseaux.
Le choix de telles structures s’expliquent par plusieurs facteurs dont l’utilisation d’une ressource abondante sur le continent (le soleil), l’introduction de nouvelles technologies numériques, la baisse du coût des mini-grids grâce à la chute des coûts des composants, l’enclavement et l’éloignement de certaines régions des réseaux de distribution d’électricité, la possibilité de connecter ces mini-réseaux au réseau électrique… Ces mini-réseaux épargnent aussi aux Etats les coûteuses et lente expansion des réseaux électriques nationaux.
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A noter qu’au niveau mondial, plus de la moitié des mini-réseaux installés sont alimentés par l’énergie solaire, contre 35% par l’hydroélectrique et 10% par les énergies fossiles. En Afrique subsaharienne, le recours à l’énergie solaire est encore plus important du fait de l’ensoleillement important de cette partie du continent. Un important potentiel encore très faiblement exploité. D’autres sources renouvelables peuvent aussi être utilisées dont la géothermie au niveau des pays de l’Afrique de l’Est (Kenya, Ethiopie…).
Reste que le rythme de déploiement de ces mini-grids en Afrique est lent. Pour résorber le déficit en électricité, il est essentiel que les pays africains en intensifient la cadence d’installation. Pour cela, il est recommandé aux pays les moins électrifiés du continent d’installer 2.000 mini-grids par an.
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Toutefois, le problème de financement constitue un des obstacles majeurs à leur déploiement. Et pour faire face au problème de financement, ces pays doivent intensifier leurs partenariats avec la Banque mondiale, la BAD et d’autres partenaires publics, multilatéraux et privés.
A ce titre, la Banque mondiale compte contribuer au financement de la réalisation de 1.000 mini-réseaux électriques solaires au Nigeria, en partenariat avec le gouvernement et le secteur privé, selon une annonce faite le 5 août courant par le président de l’institution, Ajay Banga. En 2020, la BAD avait alloué à la Rural Electrification Agency (REA) du Nigeria 200 millions de dollars pour le déploiement de mini-réseaux électriques.
D’autres acteurs interviennent dans ce cadre. C’est le cas de Community Energy Social Enterprise Limited (CESEL), un des leaders du secteur des énergies renouvelables au Nigeria, qui travaille en collaboration avec de nombreux acteurs (BAD, Banque mondiale, SFI, USAID Power Africa,…) a lancé en 2019 l’initiative Diaspora-Power visant à collecter un milliard de dollars au profit du développement de mini-réseaux électriques au Nigeria.
La diaspora nigériane, l’une des plus importante du continent, transfert annuellement plus de 20 milliards de dollars vers son pays d’origine. En multipliant de telles initiatives et en impliquant davantage le privé, l’obstacle financement peut être dépassé et contribuer à accélérer la cadence de la mise en place de ces réseaux indispensables à l’accès universel à l’électricité en Afrique.
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De même, les pays doivent aussi assouplir leurs règlementations et adopter des politiques de soutien à la filière des mini-réseaux. Les pays africains, bénéficiant d’un fort ensoleillement, doivent investir dans la fabrication de panneaux solaires afin de réduire les coûts de mise en place des mini-réseaux solaires. A ce titre, le Nigeria a lancé, au début de l’année, la construction de la plus grande usine de cellules solaires photovoltaïques du continent. D’un investissement d’environ 171 millions de dollars, cet important projet est développé par l’Agence nationale nigériane pour les infrastructures scientifiques et techniques (NASENI), en partenariat avec China Great Wall Industry corporation (CGWIC).
L’unité dont le Fonds de développement Chine-Afrique, à travers Bank of China, est le principal financier, aura une capacité de production annuelle de 1000 tonnes de polysilicium, 50 MW de lingots, 50 MW de wafers et 50 MW de cellules solaires. La mise en place de cette unité vise à contribuer à la demande locale de panneaux solaires et de contribuer au programme d’installation de 10 GW d’énergie solaire à l’horizon 2030.