Indicateurs macro-économiques : vers une valorisation de la richesse naturelle des pays africains dans le calcul du PIB

Akinwumi Adesina, président de la BAD, lors des Assemblées annuelles 2024 de la BAD.

Le 01/06/2024 à 08h56

L’Afrique est-elle prête à prendre les rênes de sa propre transformation économique ? Les Assemblées annuelles 2024 de la Banque africaine de développement ont lancé un défi audacieux. Zoom sur ce tournant décisif dans la quête de transformation économique du continent africain.

Réforme de l’architecture financière mondiale, mobilisation des ressources intérieures, lutte contre la corruption : les Assemblées annuelles 2024 du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) dessinent un plan ambitieux pour l’Afrique. Ces Assemblées annuelles 2024, tenues du 27 au 31 mai, à Nairobi, marquent un tournant décisif dans la quête de transformation économique du continent africain. Avec un record de 8 300 participants, cet événement de haute envergure a souligné l’importance croissante de la BAD en tant que moteur du développement en Afrique et acteur incontournable sur la scène financière mondiale.

Au cœur des discussions, la nécessité impérieuse de réformer l’architecture financière mondiale afin de mieux refléter les réalités et les besoins spécifiques de l’Afrique. Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a vigoureusement plaidé pour que le continent soit placé au centre de cette architecture, permettant ainsi à la Banque, en tant que principale institution financière africaine, de mener la charge au niveau mondial.

Un consensus fort est ressorti quant à l’urgence de valoriser la richesse naturelle de l’Afrique, trop souvent considérée comme un fardeau plutôt qu’un atout. En intégrant cette richesse verte dans le calcul du PIB, le continent pourrait enfin briser le cycle vicieux qui le maintien pauvre en liquidités malgré son abondance de ressources naturelles.

Pour réussir cette transformation structurelle tant attendue, plusieurs axes prioritaires ont été identifiés : l’amélioration de l’environnement macroéconomique, la mobilisation des ressources intérieures, l’optimisation de la collecte des impôts, la numérisation, la formalisation du secteur informel, la lutte contre les flux financiers illicites et la corruption, ainsi que le renforcement des capacités de négociation des pays africains pour tirer pleinement parti de leurs ressources naturelles.

Hausse du capital d’engagement général de la BAD à 318 milliards de dollars

Le dialogue marathon des gouverneurs de la BAD, qui a duré plus de six heures, témoigne de l’engagement sans faille des actionnaires envers l’institution. Une décision majeure a été prise, approuvant une augmentation de 117 milliards de dollars du capital d’engagement général de la Banque, le portant ainsi à 318 milliards de dollars. Cette injection de capitaux permettra à la BAD de jouer un rôle encore plus déterminant dans le financement des projets d’infrastructure et de développement en Afrique.

Les présidents de six pays africains se sont joints à l’appel du président Adesina pour une réforme de l’architecture financière mondiale, soulignant l’urgence de débloquer davantage de ressources pour accélérer la transformation économique du continent. Cette prise de position collective renforce la légitimité de la BAD en tant que porte-parole de l’Afrique sur la scène internationale.

Au cours des neuf dernières années, la Banque a investi plus de 50 milliards de dollars dans des projets d’infrastructure en Afrique, démontrant son rôle de premier plan dans le développement du continent. Ses performances financières exceptionnelles en 2023, avec des revenus en hausse de 123% et un bénéfice net record de 545 millions de dollars, renforcent sa capacité à avoir un impact significatif sur le développement africain.

Cependant, au-delà des chiffres impressionnants, ces Assemblées ont souligné l’importance de repenser fondamentalement les paradigmes de développement en Afrique. Il ne s’agit plus seulement d’attirer des investissements étrangers, mais de mobiliser les ressources intérieures, de formaliser les secteurs informels et de lutter contre les fléaux de la corruption et des flux financiers illicites qui drainent les richesses du continent.

La transformation structurelle de l’Afrique nécessite une approche holistique, alliant réformes macroéconomiques, gouvernance renforcée, intégration régionale et coopération internationale. La BAD, avec son expertise et sa légitimité en tant qu’institution panafricaine, est idéalement positionnée pour catalyser ces changements profonds et durables.

Néanmoins, les défis restent immenses, notamment en termes de mobilisation des ressources, de renforcement des capacités institutionnelles et de coordination des politiques à l’échelle continentale. La réussite de cette transformation passe par un engagement ferme des gouvernements africains, ainsi que par un partenariat renforcé avec les institutions financières internationales et les acteurs du secteur privé.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 01/06/2024 à 08h56