Le Canada manque de main d’œuvre. Une pénurie qui ne date pas d’aujourd’hui et qui risque de s’aggraver les années à venir. Plusieurs secteurs sont concernés, allant de la santé au tourisme en passant par l’informatique. Une tension très remarquée dans la ville de Québec qui comptait au premier semestre de l’année 2023 plus de postes vacants que de chômeurs. C’est un total de 196.500 postes à pourvoir.
Pour combler ce besoin, le pays d’Amérique du nord comptait jusqu’ici sur le vieux continent européen avec qui les barrières linguistiques et culturelles sont peu nombreuses. Mais l’Europe est vieillissante et fait face, elle aussi, à une crise grandissante de travailleurs dans des domaines stratégiques. Désormais, c’est en Afrique que les Canadiens viennent dénicher les profils ce dont ils ont besoin.
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Un recrutement massif, peu british et parfois sans le consentement des Etats concernés qui commence à agacer un certain nombre de pays sur le continent. Pour lutter contre cet arrachage de cerveaux, plusieurs voix, en Afrique et au-delà, s’élèvent de plus en plus.
En octobre dernier, c’est l’Ambassadeur d’un pays du Maghreb au Canada qui est montée au créneau pour demander «une certaine retenue et une réflexion». Cette sortie a eu lieu quelques mois seulement après que le Canada a ouvert ses portes à 13 nouveaux pays sans visa, notamment pour ce qui est des voyages touristiques.
Le pays de l’Afrique du Nord n’est pas le seul à s’inquiéter. Ses voisins africains comme le Bénin partage également cette même inquiétude. Pour les autorités béninoises, ce pompage «un peu cynique», des ressources humaines africaines «par des partenaires beaucoup plus développés» pose un sérieux problème.
En réalité, cette crainte a longtemps existé. «Les personnels de santé sont l’épine dorsale de tout système de santé », alertait déjà en 2020 l’Organisation mondiale de la santé notant qu’une cinquantaine de pays «dotés de systèmes de santé parmi les plus fragiles au monde n’en ont pas assez et nombre d’entre eux perdent leurs personnels de santé en raison des migrations internationales», En attendant, le rêve canadien séduit de plus en plus en Afrique, même si partir étudier ou travailler au Canada relève encore du parcours du combattant.