La Chine prête main-forte à l’Egypte face à la pression du FMI et de ses créanciers du Golfe

Le Caire, capitale d'Egypte.

Le 22/04/2023 à 14h12

Alors que le Fonds monétaire international (FMI) fixe les modalités de paiement d’une nouvelle série de prêts octroyés à l’Egypte en décembre 2022, le gouvernement d’Abdelfattah al-Sisi entend lever des capitaux sur le marché de son quatrième créancier, la Chine.

À partir du mois de juin, 500 millions de dollars en obligations environnementales dénommées Green panda bonds, libellées en Yuan, seront décaissés par la Central Bank of Egypt (CBE) sur le marché chinois. A cet effet, d’importantes discussions engagées en 2019 se sont achevées à un moment décisif pour le Caire, soumise à pression par ses principaux créanciers du Golfe, ainsi que par le FMI, qui réclament une nouvelle dévaluation de la Livre égyptienne et la mise en place d’un projet de privatisation.

Une délégation du FMI devrait se réunir, en mai, pour évaluer les progrès de la relance économique nécessaire au déblocage de la deuxième tranche du prêt de 3 milliards de dollars approuvé en décembre 2022.

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a appelé, le 14 avril, le gouvernement du président Abdelfattah al-Sissi à freiner le développement des mégaprojets nationaux en cours, parmi lesquels la Nouvelle Capitale Administrative (NAC) ou nouvelle ville bâtie sur la côte méditerranéenne (New Alamein). En 2020, l’Égypte est devenue le premier pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à se tourner vers la finance verte pour soutenir cette politique de construction coûteuse et à grande échelle.

Pour accéder à des Green panda bond de 500 millions de dollars, le Caire devra obtenir une garantie de prêt de 345 millions de dollars de la Banque africaine de développement (BAD). Cet engagement s’ajoute à la dette croissante du Caire envers Pékin. Celle-ci était est estimée à 7,8 milliards de dollars en juin 2022, soit 5% de la dette extérieure de l’Égypte, faisant de la Chine son quatrième créancier.

La dette s’est aggravée par les coûts des mégaprojets d’al-Sisi, en particulier la NAC, où la société d’Etat chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) bâtit vingt tours dans le quartier d’affaires et un gratte-ciel de 350 mètres de haut. A cela s’ajoute le train express menant à cette future capitale, dont le coût est estimé à 1,24 milliard de dollars, actuellement exploité par Aviation Industry Corporation of China et China Railway Group Ltd et financé en partie par Export-Import Bank of China.

Notons que la dette croissante du Caire envers Pékin voit la montée des géants industriels chinois dans le pays. La participation de trois consortiums chinois à des appels d’offres pour la rénovation du tramway d’Alexandrie est révélatrice de cette tendance. Porte d’entrée vers l’Europe et l’Afrique, l’Égypte représente un maillon important de la stratégie chinoise de la Nouvelle route de la soie.

Par Ismail Traoré
Le 22/04/2023 à 14h12