En novembre, les ouvriers grévistes de Boeing ont accepté un nouveau projet d’accord social, mettant ainsi fin à un débrayage qui a coûté plus de dix milliards de dollars à l’entreprise et ses fournisseurs.
La fin de la grève était cruciale pour le constructeur américain, en grandes difficultés financières car le débrayage paralyse les deux usines produisant le 737 - son avion vedette -, le 777, le 767 et plusieurs programmes militaires.
Ce débrayage «nous pénalise» avec des «mois de retard» dans les livraisons, a assuré lors d’un entretien avec l’AFP Mesfin Tasew, directeur général de Ethiopian Airlines, avant de poursuivre: «En fait, la livraison de nos avions par Boeing a commencé à prendre du retard il y a environ un an (...) et la récente grève a aggravé la situation».
Si le constructeur européen Airbus «livre les avions dans les délais», le «problème vient du côté de Boeing».
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Cela «va pénaliser notre croissance à long terme», a estimé Mesfin Tasew dans les locaux de la compagnie publique éthiopienne à Addis Abeba.
En mars 2019, un Boeing 737 MAX 8 de Ethiopian Airlines, qui devait relier Addis Abeba et Nairobi, s’était écrasé au sud-est de la capitale éthiopienne six minutes après le décollage, tuant 157 personnes.
Boeing a admis en avril 2019 que son logiciel anti-décrochage MCAS était en partie responsable.
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«A cause de l’accident du MAX, nous avons beaucoup souffert», a affirmé le directeur général d’Ethiopian Airlines, évoquant une «grave cicatrice».
«Cependant, nous faisons confiance à Boeing, une grande entreprise aérospatiale, pour qu’elle revienne en force en corrigeant tous ses problèmes internes. C’est pourquoi nous avons continué à travailler avec Boeing», a-t-il poursuivi.
Le directeur général de la compagnie aérienne, en poste depuis mars 2022, a également souligné l’«impact direct» des conflits au Soudan ou au Proche-Orient sur les résultats de son entreprise.
«Nous avions deux vols par jour avec Beyrouth, nous n’en avons plus. Nous avions trois vols par jour avec Tel Aviv, nous n’en avons plus qu’un. Nous avions trois vols par jour avec Khartoum, nous n’en avons plus depuis un an. Nous avions deux vols par jour avec Asmara (la capitale érythréenne, NDLR), nous n’en avons plus», a-t-il énuméré.
Malgré ce contexte, Mesfin Tasew estime que la compagnie publique, qui se vante d’être la seule compagnie aérienne bénéficiaire en Afrique, devrait «être très proche de ses objectifs d’ici la fin de l’année», notamment grâce à la récente livraison de Airbus A350-900.