La pyramide de Ponzi appâte toujours au Mali: OpenAI, une arnaque à 50 millions d’euros

Monument de la paix sur l'avenue de la Nation à Bamako.

Le 13/04/2023 à 11h43

VidéoUne entreprise se présentant comme spécialiste de l’e-commerce à l’échelle mondiale et fraîchement installée au Mali, vient de faire des milliers de victimes. Elle promettait des gains quotidiens de 6% du montant investi. Ses dirigeants ont disparu dans la nature après avoir empoché quelque 50 millions d’euros.

Domo Djiguiba est un jeune diplômé à la recherche d’un premier emploi stable. En février dernier, un de ses amis lui envoie le lien de plateforme OpenAI-Mali sur laquelle on peut s’inscrire, faire des investissements qui rapportent gros.

Ayant mordu à l’appât, le jeune homme s’inscrit, verse ses premiers investissements et confie à OpenAI jusqu’à 300.000 Fcfa. Le nom OpenAI n’a pas été choisi par hasard. Plus tard, les victimes se rendront compte qu’il s’agit d’un vulgaire plagiat. C’est le nom de l’entreprise d’intelligence artificielle du milliardaire sud-africain Elon Musk. Mais, au début, les gains étaient tellement importants que personne ne s’était soucié de l’origine du nom.

Comme les gains sont enregistrés quotidiennement dans son compte, Domo cumule jusqu’à 200.000 Fcfa de retour sur investissement. Donc, théoriquement, il devrait disposer, et très vite, de plus 500.000 Fcfa auprès de la société OpenAI.

Et c’est à partir de ce moment que les choses se corsent. A partir du 20 mars 2023, il constate que se connecter à son compte devient de plus en plus difficile. Pire, quand il tente de faire des retraits, il n’y arrive plus et les appels pour joindre les conseillers d’OpenAI ne passent plus. C’est ainsi qu’il décide de se rendre au siège de l’entreprise, et constate sur place, des locaux vides. Comme son compte.

Domo n’est malheureusement pas le seul à se retrouver dans cette situation. Comme lui, des milliers d’investisseurs comprennent, après coup, qu’ils ont été victimes d’une arnaque. Il y aurait jusqu’à 700.000 personnes qui ont vu les économies de toute une vie partir en fumée dans ce qui se révèle être une vaste arnaque à la pyramide de Ponzy.

Pour gagner la confiance des plus crédules parmi les Maliens, OpenAI a procédé effectivement à la création d’une entreprise à travers le guichet unique de l’Agence malienne de promotion des investissements (API). Un spot publicitaire, diffusé en prime time à 20h30 sur l’ORTM la principale télé malienne, viendra même souligner le caractère «sérieux» et donner de la consistance à la démarche dans le seul objectif d’attirer plus de personnes appâtées par le gain facile et surtout rapide.

Sur plateforme, l’entreprise promettait aux investisseurs une rentabilité exponentielle. Quand l’on investit de 100 à 200.000 FCFA, l’on gagne entre 20 à 400 Fcfa par jour; de 201.000 Fcfa à 500.000 Fcfa, les gains vont de 5000 Fcfa à 125.000 Fcfa, par jour. De 501.000 à 1.000.000 Fcfa, les gains vont de 15000 à 30000 Fcfa par jour. C’est à travers cette proposition alléchante que beaucoup se sont fait avoir.

Selon Youssouf Traoré, clerc dans cabinet d’huissier, c’est une arnaque à la pyramide de Ponzi qui est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients par les fonds apportés par les nouveaux entrants.

Il estime que les victimes peuvent avoir gains de cause car, dit-il, derrière toute infraction, il y a une trace et la justice peut exploiter ces traces pour mettre la main sur les escrocs.

Une position qui n’est pas partagée par Modibo Fofana, président de l’association des professionnels de la presse en ligne du Mali, Appel-Mali, qui estime tout de même qu’en faisant foi à la coopération en matière de justice internationale, les arnaqueurs pourraient être une jour appréhendés.

Cependant, le problème reste le remboursement de ceux qui ont déposé de l’argent dans cette machination. Il estime que cela n’est pas possible et ça serait une leçon pour les victimes. Un comportement qui prouve que la cybercriminalité n’est toujours pas assimilée par beaucoup de Maliens.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 13/04/2023 à 11h43