Les forêts absorbent le dioxyde de carbone, fournissent de l’oxygène, abritent plus des trois quarts de la biodiversité terrestre et offrent les moyens de subsistance de millions de personnes dans le monde. Mais la planète a perdu 420 millions d’hectares de forêt depuis 1990, une superficie plus grande que celle de l’Inde. Des pays comme la RDC perdent des parts importantes de leur forêt tropicale primaire. En 2019, le pays a perdu 475.000 hectares de forêt.
Le Ghana connaît une augmentation significative de la perte de forêt primaire ces dernières années. En 2022, le pays a perdu 18.000 hectares en majorité dans les aires protégées. La Côte d’Ivoire fait également partie des pays africains ayant perdu une partie de leurs forêts primaires. Bien que le pays ait réussi à réduire la perte de forêt primaire, il reste encore des défis à relever.
Ai niveau mondial et selon le Global forest Watch, en 2022, les forêts primaires tropicales ont subi une perte totale de 4,1 millions d’hectares, correspondant à la disparition de 11 terrains de football par minute.
La FAO définit les forêts primaires comme étant des «forêts naturellement régénérées d’espèces indigènes où aucune trace d’activité humaine n’est clairement visible et où les processus écologiques ne sont pas sensiblement perturbés».
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Face aux crises environnementales imminentes – notamment le changement climatique et la perte de biodiversité – la nécessité de protéger ces écosystèmes vitaux a pris une importance considérable dans les agendas politiques.
C’est dans ce contexte que l’International Institute for Sustainable Development (IISD) braque ses projecteurs sur les pays les plus avancés dans la lutte contre la déforestation, mettant en lumière leurs efforts et leurs politiques novatrices en matière de préservation des forêts. A l’approche de la célébration de la Journée internationale des forêts, le 21 mars de chaque année, de telles initiatives sont à souligner.
Le rapport de l’IISD intitulé «Measures to Enhance Forest Conservation and Reduce Deforestation», note que le Rwanda, le Gabon, le Mozambique et l’Éthiopie figurent parmi les nations africaines les plus avancées dans la lutte contre la déforestation, grâce à des politiques pionnières de reboisement, de certification forestière et d’incitations financières.
Bien que des défis persistent, plusieurs pays africains ont démontré leur volonté et leur capacité à lutter efficacement contre la déforestation. En tirant les leçons de ces expériences pionnières et en mettant en place des cadres incitatifs judicieux, d’autres nations du continent pourront s’engager sur la voie du développement durable tout en préservant leurs précieuses ressources forestières.
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Pour ce qui est des pays africains identifiés par l’IISD comme pionniers dans la lutte contre la déforestation, le rapport cite deux pays: le Rwanda et le Gabon.
Rwanda : Fer de lance de la restauration des paysages forestiers
Le Rwanda est considéré comme un pays pionnier en matière de lutte contre la déforestation grâce à sa stratégie de restauration des paysages forestiers (FLR), une approche visant à restaurer les fonctions écologiques des forêts tout en générant des bénéfices socio-économiques pour les communautés locales. Pour y parvenir, le pays a mis en place un cadre juridique et institutionnel favorable à la FLR, mobilisé des financements publics et privés pour soutenir les initiatives de reboisement, sensibilisé et formé les populations locales aux pratiques agroforestières durables, et assuré une surveillance et un suivi régulier des progrès à l’aide de systèmes d’information géographique (SIG).
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Grâce à ces mesures concrètes, des impacts significatifs ont été observés, notamment une augmentation du couvert forestier de 20% entre 2011 et 2017, une réduction de l’érosion des sols et une amélioration de la sécurité alimentaire, ainsi que la création d’emplois verts et la diversification des revenus pour les communautés rurales.
Gabon : Un modèle de certification forestière obligatoire
Le Gabon a adopté une approche unique en rendant obligatoire la certification privée pour toutes les concessions forestières, garantissant ainsi que l’exploitation du bois respecte des normes de gestion durable des forêts reconnues internationalement. Par conséquent, toutes les concessions forestières sont obligées d’obtenir la certification FSC ou équivalente. De plus, le Gabon a renforcé les capacités des entreprises forestières et des communautés locales, et a mis en place un système de traçabilité du bois depuis la forêt jusqu’à l’exportation.
En conséquence, l’institut note une amélioration de la gouvernance forestière et de la transparence dans le secteur, ainsi que la préservation de la biodiversité et des services écosystémiques des forêts. Par ailleurs, cette approche a entraîné une augmentation des revenus d’exportation grâce à la valeur ajoutée du bois certifié.
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Pour ce qui est des pays africains les plus incitatifs pour investir dans la préservation des forêts, l’IISD met en avant les mesures prises par le Mozambique et l’Éthiopie.
Mozambique : Allègements fiscaux et facilités d’investissement
Le Mozambique, dans le but d’attirer les investissements dans les projets de reboisement et de gestion durable des forêts, offre un cadre fiscal avantageux ainsi que des facilités d’implantation pour les entreprises. Ainsi, au chapitre des dispositifs incitatifs, le pays accorde une exonération des droits de douane pour l’importation d’équipements forestiers, et des exemptions d’impôts sur les bénéfices pendant les 10 premières années d’activité.
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De plus, pour l’obtention des permis et autorisations nécessaires, le pays a créé un Guichet unique et facilite l’accès au foncier pour l’établissement de plantations forestières. Les secteurs d’activité concernés par ces mesures incitatives sont la sylviculture et l’exploitation forestière durable, les industries de transformation du bois et des produits forestiers non ligneux, ainsi que l’écotourisme et la valorisation des services écosystémiques des forêts.
Ethiopie : Subventions publiques pour le reboisement
L’Éthiopie s’est engagée dans une vaste politique de reboisement à l’échelle nationale, soutenue par des programmes publics de subventions aux initiatives de reforestation. À cet effet, elle propose des dispositifs incitatifs tels que des subventions couvrant jusqu’à 85% des coûts de reboisement (plants, main-d’œuvre, entretien), ainsi que des formations et un accompagnement technique gratuits pour les porteurs de projets, en plus d’un accès facilité au microcrédit pour les initiatives communautaires de reboisement.
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Cette politique cible plusieurs secteurs d’activité, notamment le reboisement des terres dégradées et des bassins versants critiques, l’agroforesterie et les pratiques agricoles respectueuses des forêts, ainsi que les plantations forestières à vocation de production de bois d’œuvre ou de biomasse énergie.