La libéralisation du ciel africain est en marche, en dépit de la réticence de certains pays. Ainsi, à date d’aujourd’hui, 37 pays (*), représentant 88% du trafic intra-africain et une population de 800 millions d’habitants, se sont engagés à mettre en œuvre, sans conditions, le marché unique du transport aérien africain (Mutaa).
Mieux, 23 pays ont déjà signé le mémorandum de mise en œuvre de l’open sky africain et 20 d’entre eux font partie du projet pilote du Mutaa: Cap Vert, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Kenya, Maroc, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud, Togo et Zambie.
L’Open sky africain prévoit le libre exercice du trafic de première, deuxième, troisième, quatrième et cinquième liberté (règles et droits octroyés par des pays aux compagnies locales ou étrangères sur ce qu’elles peuvent faire lors du survol de l’espace aérien) pour les compagnies aériennes éligibles, la libéralisation des tarifs, la levée des restrictions sur les fréquences et les capacités, la libéralisation complète des services et fret, la reconnaissance des pouvoirs et des fonctions de la Commission africaine de l’aviation civile.
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A noter que le Mutaa, lancé en 2018, est un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’union africaine. Et les retombées attendues sont colossales. Selon la Commission africaine de l’aviation civile (CAFAC), la libéralisation du ciel pourrait augmenter de 30% la connectivité aérienne au niveau du continent grâce notamment à la cinquième liberté (droit accordé par un Etat à un autre de débarquer et d’embarquer, dans le territoire du premier Etat du trafic en provenance ou à destination d’un Etat tiers).
Parmi les autres avantages attendus figurent, entre autres, la baisse des prix des billets du fait de l’élimination de certaines taxes et de l’effet de la concurrence entre les compagnies aériennes africaines, le développement touristique et des services liés au transport aérien, la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois, l’intégration économique…
En dépit de ces avantages, le décollage de l’open sky africain a pris du retard. Il faut dire que tous les pays ne voient pas d’un bon œil la libéralisation du ciel africain.
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Toutefois, celle-ci étant édictée par l’Union africaine et souhaitée par certaines des grandes compagnies, ces dernières s’y préparent déjà en renforçant leur flotte. C’est le cas notamment d’Ethiopian Airlines, d’EgyptAir et de Royal Air Maroc, …
Ainsi, en marge du Salon aéronautique de Dubaï, Ethiopian a commandé 31 avions chez le constructeur Boeing et en a pris 36 autres en option, et a passé une autre commande de 10 appareils chez le concurrent Airbus. Royal Air Maroc, qui compte quadrupler sa flotte à 200 appareils à l’horizon 2037, en a passé une de 4 appareils. EgyptAir a commandé 10 appareils auprès d’Airbus et 18 autres appareils Boeing auprès d’Air Lease dans le cadre de contrats de leasing à long terme.
En décidant de renforcer leurs flottes de manière conséquente, les Etats se préparent à l’ouverture du ciel africain qui leur offrirait la possibilité d’étoffer sensiblement leurs réseaux de destinations au niveau du continent et surtout d’accentuer une concurrence encore très faible entre les principales compagnies aériennes africaines au niveau du continent.
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(*) Afrique du Sud, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Cap Vert, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, RDC, Egypte, Eswatini, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Libéria, Mali, Maroc, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Rwanda, Sao tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Tchad, Togo, Zambie et Zimbabwe.