Ouganda: le coût de la loi anti-LGBT+ estimé jusqu’à 8 milliards d’euros

Des membres de la communauté LGBT ougandais lors d'une Gay Pride.

Le 30/10/2024 à 18h28

La loi anti-LGBT+ votée l’an dernier en Ouganda pourrait coûter au pays jusqu’à près de huit milliards d’euros sur cinq ans, selon une organisation caritative qui a exhorté la Banque mondiale à ne pas reprendre ses prêts tant que la législation n’est pas abrogée.

Open for Business, basée au Royaume-Uni, calcule les retombées économiques de la discrimination contre les personnes LGBT+ dans le monde.

Son dernier rapport, publié la semaine dernière, a révélé que l’Ouganda a perdu entre 470 millions et 1,66 milliard de dollars (entre 434 millions et 1,5 milliard d’euros) depuis l’adoption de la «loi anti-homosexualité 2023», considérée comme une des plus répressives au monde.

Le texte, largement condamné par les groupes de défense des droits des minorités, les Nations unies et les puissances occidentales, prévoit jusqu’à la prison à vie pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la «promotion» de l’homosexualité.

Un délit d’«homosexualité aggravée» est dans le pays passible de la peine de mort, une condamnation qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda.

La Banque mondiale a gelé ses prêts à l’Ouganda suite à l’adoption de la loi en mars 2023. Selon Open for Business, le pays a également manqué des investissements étrangers, des revenus du commerce et du tourisme, augmenté les coûts des soins de santé et de la police, en perdant en talents et en productivité.

Des estimations de l’organisation, qu’elle a qualifiées de «prudentes», situent les coûts de la loi sur cinq ans entre 2,3 et 8,3 milliards de dollars (entre 2,1 et 7,7 milliards d’euros).

Le président ougandais Yoweri Museveni «est engagé dans cette guerre avec les personnes LGBT+», a déclaré à l’AFP Dominic Arnall, directeur général d’Open for Business.

«Ce qu’ils décident de faire leur revient. Mais la voie qu’ils ont choisie a des conséquences économiques très dures», a-t-il ajouté.

Sollicité par l’AFP, le gouvernement ougandais n’a pas immédiatement réagi au rapport.

Selon M. Arnall, les gouvernements et les politiciens du monde entier cherchent de plus en plus à cibler les personnes LGBT+ et d’autres minorités «pour se faire un nom».

Ces mesures sont souvent financées par de riches organisations anti-LGBT+ aux États-Unis, en Russie et en Corée du Sud, a-t-il ajouté.

«Il ne s’agit pas seulement de l’Afrique, c’est un problème mondial qui est soutenu par beaucoup d’argent».

Mais les pertes économiques observées en Ouganda ont peut-être contribué à retarder des projets de loi similaires au Kenya, au Ghana et ailleurs, estime M. Arnall.

«Je n’ai pas encore rencontré de gouvernement qui ne se soucie pas des investissements étrangers directs ou de son PIB. C’est donc souvent le seul argument qui pourrait être convaincant.»

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 30/10/2024 à 18h28